XXe / 1943 / 4 octobre / Bastia - Ville libérée & Kiosque du sous-marin « Casabianca »

 

Bastia - Kiosque du sous-marin « Casabianca » (mars 2021). Photo © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 5 m. 

42.701730, 9.452272 ou 42°42'06.2"N 9°27'08.2"E

 Adresse : Allée du 173ème R.I.A., 20200 BASTIA. Inscrit/Classé Monument Historique : 

Non (le kiosque du sous-marin est une réplique).

 

 

Le site

Immédiatement visible et accessible de la Place Saint-Nicolas à Bastia. Le kiosque du sous-marin n’est pas un Monument Historique, mais il est incontournable lors des balades dans Bastia. Il longe la Route Territoriale 11. Voir, si besoin, « Le stationnement à Bastia ».

 

Un peu d’histoire

Le port de Bastia est stratégiquement très bien situé pour les Allemands durant la Deuxième Guerre Mondiale. Il est largement ouvert sur la Méditerranée et fait face aux côtes italiennes.

Dans la nuit du 8 au 9 septembre 1943 les officiers italiens attaquent les Allemands devenus leurs ennemis. En effet, les Italiens viennent de signer un armistice et se rallient aux Alliés en combattant dorénavant les Allemands. Les combats font rage. Six cents soldats italiens mourront lors des combats aux côtés des Alliés en Corse.

L’Italie représente maintenant un danger pour les Allemands si elle vient à se retourner totalement contre eux. Afin de parer à cette éventualité, la flotte allemande tire sur la flotte italienne au mouillage à Bastia, sans déclaration de guerre préalable. Sur « l'Humanitas » (bateau italien) six mitrailleurs allemands sont abattus... par leurs compatriotes visant les Italiens, car l'équipage est encore italo-allemand, ainsi que quatre-vingts Italiens. La réplique est rapide : plusieurs bâtiments allemands sont envoyés par le fond par la marine italienne, avec l’aide d’éléments de l’armée de terre et de patriotes corses qui sécurisent les abords terrestres. L’attaque allemande, mal inspirée, tourne court.

Les Italiens et l’armée française ouvrent ainsi la voie à la Résistance qui renverse l’administration vichyssoise. Les Allemands se reprennent et recontrôlent le port le 12 septembre, puis font sauter un dépôt italien de munitions au sud de la ville. Ils confinent alors les habitants de façon très stricte 23 heures sur 24. 

La libération de Bastia intervient le 4 octobre 1943 à cinq heures quarante-cinq. Les Tabors Marocains entrent dans Bastia avec à leur tête le Capitaine Then.

Mais à la suite d’une incompréhensible et inqualifiable erreur de minutage due à un manque de communication entre les Alliés, l’aviation américaine bombarde Bastia le 4 octobre à huit heures alors que les Allemands sont déjà partis ! Les pertes civiles s’élèvent à près de 500 tués ou blessés. Toute la ville est touchée et de très nombreux immeubles deviennent inhabitables (3471 appartements sont sinistrés sur 8000). Le port est encombré d’épaves, les routes sont inutilisables ainsi que le chemin de fer.

Le chaos envahi la ville qui mettra des années à s’en remettre. Une longue crise du logement attend alors les Bastiais.

 

Kiosque du sous-marin “Casabianca” (Place Saint-Nicolas)

 

Il devait s’appeler le « Casablanca », mais François Pietri, alors ministre de la Marine et d’origine corse le baptisa « Casabianca » du nom de l’illustre marin corse mort au combat à 36 ans à bord de son bateau lors de la bataille d’Aboukir, avec son fils Giocante âgé de 11 ans. Le père avait intimé l’ordre au fils de ne quitter le navire sous aucun prétexte. Giocante, obéissant à son père qui venait d’être tué dans la bataille, refusa de suivre ses camarades et mourut lors de l’explosion du bateau.

C’est un sous-marin de première classe dit de « Grande Patrouille » de 1560 tonnes et d’une longueur de 92 mètres lancé le 2 février 1935. Il est mû par deux moteurs diesel de 4300 chevaux et deux moteurs électriques en plongée de 1000 chevaux. Son armement consiste en 11 tubes lance-torpilles, un canon de 100 mm et une mitrailleuse. Il parvient à s’échapper lors du sabordage de la flotte française à Toulon en 1942. Commandé par le capitaine de frégate Jean L’Herminier, il participe à la libération de la Corse durant la Deuxième Guerre Mondiale en assurant sans faillir la livraison d’armes aux Résistants, et la liaison entre l’Etat-Major situé à Alger et la France occupée.

Seulement cinq sous-marins de ce type sur trente-et-un voient la fin du conflit. Il cesse d’être utilisé en 1952 après avoir été, entre-autres, de sept missions secrètes.

Le sous-marin a participé à la mission « Pearl Harbor » lors d’un débarquement de nuit d’hommes et d’armes le 14 décembre 1942 dans l’anse de Topiti, entre Cargèse et Piana, et non dans celle d’Arone comme il était prévu.

Le mauvais temps et l’imprécision des instruments de navigation de l’époque en ont alors décidés autrement. L’arrivée du sous-marin annonça la proche libération de la Corse.

Il récidiva l’été 1943 en se positionnant face à la plage de Saleccia. Il y débarqua alors vingt tonnes de matériel et d’armes confiées à la Résistance corse.

Le kiosque exposé à Bastia est une réplique inaugurée en 2002 car l’original, devenu monument, s’est dégradé rapidement malgré la protection dont il faisait l’objet dans la cour intérieure du Palais des Gouverneurs (citadelle de Bastia). Il fut largement modifié aux USA lors de travaux de modernisation. Une plateforme sur son avant a été installée, supportant un canon antiaérien Oerlikon de 20 mm. La réplique ne restitue pas la partie arrière qui est équipée d’un second canon de même type remplaçant la mitrailleuse double française de calibre 13,2 mm.

 Le sous-marin « Casabianca » (son numéro était le 82). Tangopaso, Domaine Public, Wikimedia Commons.