XXe / 1913 / Ajaccio – Ancienne manufacture Alban (tabacs)
Ajaccio - Ancienne manufacture de tabacs Alban (août 2023). Photo © François Fiette.
Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 4 m.
41.928819, 8.738835 ou 41°55'43.8"N 8°44'19.8"E
Adresse : 85, Cours Napoléon, 20000 Ajaccio. Inscrite/Classée Monument Historique : 1992. La façade est conservée.
Le site
Vous êtes juste en face de la gare terminus d’Ajaccio. Cette façade étonnante fait partie de l’histoire du quartier Saint-Jean et Sainte-Lucie et du passé industriel d’Ajaccio. Voir, si besoin, « Le stationnement à Ajaccio ».
Un peu d’histoire
La manufacture de tabac d'Ajaccio, fondée en 1913, est reprise en 1920 par les industriels Léon et Henri ALBAN. C’est la seule usine moderne de transformation du tabac en Corse avec ultérieurement celle de Bastia (quartier Toga). Sa façade est d’inspiration mauresque et décorée de mosaïques polychromes, rarissime dans l’Île. Ce site est classé Monument Historique depuis le 27 octobre 1992 et fait l’objet d’une élégante mise en perspective. C’est désormais le siège de la CAPÀ (Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien).
La culture et la transformation du tabac a débutée en 1818 en Corse.
En 1913, deux frères Henri et Léon ALBAN décident d’ouvrir une succursale à Ajaccio de leur manufacture de Bône en Algérie. Le terrain est acheté. Précisons que la Corse en ces temps-là jouit d’une fiscalité avantageuse appliquée au tabac alors que le gouvernement français augmente les droits d’importation sur le continent en vigueur en Algérie. Après la Première Guerre Mondiale, en 1919, l’usine est édifiée. Pour la première fois en Corse les marteaux-piqueurs sont utilisés pour le creusement des fondations. La direction de l’usine est ensuite confiée uniquement à d’anciens militaires du 96ème Régiment d’Infanterie qui gèrent ainsi le travail à la chaîne dont les postes de travail sont surtout occupés par des femmes. Le tabac est majoritairement importé, la Corse ne pouvant fournir à elle-seule les besoins de la manufacture.
En 1936, une grève impose à la direction des avancées sociales et salariales dans le contexte du Front Populaire.
Mais la manufacture rencontre la lourde concurrence de l’usine de tabac de Toga à Bastia, la « Job », dès 1924. Le Nord de l’île s’approvisionne auprès de celle-ci et le sud auprès d’« Alban ». La Deuxième Guerre Mondiale précipite la fermeture de la Manufacture en 1940. Elle emploie alors plus de cent personnes.
Le 23 février 1945 l’explosion accidentelle d’un train de munitions garé sur les voies de la gare toute proche impacte lourdement l’immeuble et le quartier en entier. Elle fait 17 morts, 10 disparus et 10 blessés graves.
Le bâtiment devient ensuite un garage automobile, un entrepôt, une blanchisserie, une épicerie et une annexe d’une école primaire ! … Puis il est détruit par un incendie. De nos jours, il est entièrement réhabilité et modernisé.
En 2009, au cœur du Quartier Saint-Jean d’Ajaccio, les travaux de construction d’un parking et d’un immeuble révèlent le passé antique de la ville, juste derrière l’ancienne manufacture. Une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) travaille sur les vestiges du baptistère paléochrétien de la première cathédrale d’Ajaccio, daté du VIe siècle. (Voir dans cet ouvrage « VIe / Ajaccio – Baptistère paléochrétien de Saint-Jean », baptistère situé derrière l’ancienne usine et magnifiquement mis en valeur).