La Révolution française

 

La Révolution française

 

La Corse adhère aux idéaux de la Révolution française. Elle y participe activement et se rallie volontairement à la France. L’enfant d’Ajaccio, Napoléon Bonaparte, fixe la Corse au sein de la Nation française. Napoléon III en resserre encore les liens. Volontairement ou pas, peu ou prou, les Corses deviennent Français.

 

1789/ 14 juillet / Prise de la Bastille

Révolution Française. Du très lourd !

Bastia crée une municipalité révolutionnaire puis une Garde Nationale en novembre. Napoléon Bonaparte, alors en permission en Corse, intervient dans l’organisation des évènements avec J.-B. Galeazzini. Le 11 décembre Pascal Paoli, par une lettre, apporte son soutien à la Révolution.

 

1789 / 30 novembre / Gênes perd ce qui reste de ses « droits » sur la Corse

La République de Gênes, grandement réargentée mais trop tardivement, demandera contre lourd paiement de sa part la restitution de la Corse. Mais Gênes perd ce qui reste de ses « droits » éventuels sur l’île par Décret de l’Assemblée Constituante française du 30 novembre 1789.

Les représentants de la Corse à la Constituante font part de la volonté de la population corse de se rallier au Royaume de France en relayant ses cahiers de doléances, ce que l’Assemblée accepte. Dès lors : « L'île de Corse est déclarée partie de l'empire Français ; ses habitants seront régis par la même Constitution que les autres Français, et dès à présent le roi est supplié d'y faire parvenir et publier tous les décrets de l'Assemblée Nationale ». C’est la première fois que la Corse est réellement unifiée.

 

1790 / 22 avril / Pascal Paoli est présenté à l’Assemblée nationale

Il est reçu par Robespierre au Club des amis de la Constitution, puis est présenté à l’Assemblée nationale et à Louis XVI par Antoine-Christophe Saliceti, alors député du tiers état de la Corse.

 

1790 / 14 juillet / Paoli « Président du Conseil Administratif » de la Corse »

Après plus de 20 ans d'exil en Angleterre, Pascal Paoli, reconnu comme ayant vaillamment résisté aux oppresseurs en tous genres revient en Corse en débarquant à Macinaggio (Cap-Corse). Il devient « Président du Conseil Administratif » de la Corse, et le commandant en chef de la Garde Nationale de l'île avec des pouvoirs élargis. En septembre 1789 il écrit ces mots au poète Nobili-Savelli : « (…) notre pays brise ses chaînes. L'union à la libre nation française n'est pas la servitude mais la participation de droit ».

La Corse devient département Français et en reçoit l’administration judicaire et religieuse. En réalité, rien ne se passe comme prévu. Immédiatement un contre-pouvoir corse s’anime. L’action alors pragmatique et modérée de Paoli ne cesse d’être mise en cause par de puissants détracteurs de tous bords et la France révolutionnaire ne parvient pas à totalement s’imposer. La guerre civile est larvée.

 

1792 / 8 avril / Les « Pâques sanglantes » d’Ajaccio

Dix jours de rixes entre paysans et citadins ensanglantent Ajaccio. La constitution civile du clergé en est la cause principale. Napoléon Bonaparte est alors Lieutenant-Colonel en second du 2ème Bataillon de la Garde nationale. Des coups de feu sont échangés entre les manifestants et la Garde. Napoléon Bonaparte estime avec ses hommes avoir été la cible en premier de tireurs et n’avoir fait que répliquer. Paoli lui fait adresser un « blâme » pour cette action en précisant qu’il tient encore Napoléon pour « un grand enfant inexpérimenté ».

 

1793 / 21 janvier / Louis XVI est guillotiné

Louis XVI est guillotiné à Paris le 21 janvier. Sur six députés corses, seul Christophe Saliceti vote sa mort. Le temps de l’Ancien Régime est révolu. La France est en guerre avec quasiment toute l’Europe qui ne supporte pas l’idée d’une république en son sein et la fin de la royauté dans un pays majeur.

 

1793 / La Convention sème la Terreur

La Corse, comme l’ensemble de la France, subit une période de guerres intestines entre révolutionnaires et insurrectionnels. La guillotine s’abat à longueur de temps sur le continent. La famille Bonaparte est exilée en France. Paoli est maintenant considéré comme un « traître à la Nation » car il s’est éloigné de la Convention, déclarant ainsi vouloir rester fidèle à ses valeurs.

Hors du cadre de la Révolution, Pascal Paoli s’est un an avant brouillé avec Bonaparte au sujet, entre autres, de la candidature d’un des membres de la famille de ce dernier comme député de Corse. Lors d’une entrevue houleuse au couvent de Morosaglia, la mésentente entre Paoli et Napoléon est consommée.

Paoli ne se reconnait plus en la France, lancée dans le maëlstrom de la Révolution. Il est déclaré en état d’arrestation par la Convention. Antérieurement soupçonné par les Conventionnels de rapprochements avec l’Angleterre, Il se tourne résolument vers cette puissance mais regrette amèrement la situation politique française. Il écrit à l’abbé Andrei : « La liberté de la France ne sera jamais un objet indifférent. Si ce pays retourne à l’esclavage, adieu pour toujours à tout espoir de liberté, particulièrement pour les petits états ».

Bénéficiant de quelques amicales complicités, la famille Bonaparte parvient à échapper de justesse à la vindicte paoliste et se réfugie à Toulon. Mauvais « karma » pour Paoli… ça ne va pas l’aider par la suite.

Apparemment, ces deux hommes ne se sont jamais haïs ou ne l’ont jamais fait savoir… Politiquement ils connaissent leurs profondes divergences, fruits d’histoires et d’ambitions personnelles différentes. Dans leurs fors intérieurs, Paoli et Bonaparte semblent les admettre.