XVe / 1419 / Corte – Citadelle – Musée de la Corse

 

Corte, Citadelle et musée de la Corse (fév. 2023). Photos © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 470 m.

42.304716, 9.148634 ou 42°18'17.0"N 9°08'55.1"E

Adresse : Citadelle de Corte, Rue de la Citadelle, 20250 Corte. Inscrite/Classée Monument Historique : Oui, partiellement.

 

Le site

Depuis 1984, la citadelle est accessible au public durant les heures d’ouverture du musée de la Corse. Elle est étagée sur deux niveaux et sa silhouette caractérise l’ensemble paysagé de la ville. Il est possible de visiter les anciennes casernes, le château et les prisons. Une superbe vue panoramique sur les vallées environnantes y est garantie. Un point de vue magnifique sur l’ensemble fortifié et la ville de Corte est également offert à partir du belvédère situé en haut de la rue de la Citadelle.

 

Un peu d’histoire

Cette citadelle est la seule à être construite à l’intérieur des terres (sept citadelles existent en Corse), autour d’un château du XVe siècle édifié à plus de cent-dix mètres au-dessus du Tavignano et de la Restonica. Son donjon à aujourd’hui disparu. L’enceinte forte date du XVIIIe siècle. Elle remplace un mur en pierres sèches peu efficace.

Auparavant, un escalier particulier permettait l’accès au « nid d’aigle » de la citadelle et possédait des rampes latérales de roulement facilitant le transport de lourds canons. Cet ancien escalier de 166 marches est encore visible à travers une grille sur le chemin.

Le vassal du roi Alphonse V d’Aragon, Vincentello d’Istria, fait édifier en 1419 un château sur l’arrête rocheuse qui domine la ville de Corte. Édifice dominant le Centre-Corse et qu’il veut imprenable. Pour quelles raisons ? Combattre la République de Gênes au nom du royaume d’Aragon. Ce château devient de 1421 à 1434 le lieu du pouvoir en Corse. En 1434, Vincentello d’Istria est fait prisonnier et est livré aux Génois … qui le décapitent promptement.

La République de Gênes règne de nouveau sur Corte dès 1459. Puis en 1553, les habitants remettent d’eux-mêmes les clés de la ville aux Français et à Sampiero Corso après s’être ralliés à leur cause.

Un soulèvement populaire initié par de trop faibles récoltes, la « Révolution Corse » de 1730, amène les Corses à investir la citadelle et à arrêter le lieutenant génois de la garnison.

En 1746, les « Nationaux » de Gaffory s’en emparent mais les Génois la récupèrent ensuite. Le général Gaffory meurt en 1753 lors d’une embuscade, apparemment trahi par son propre frère.

Lors de son généralat, Pascal Paoli fait agrandir la citadelle et y aménage huit cachots dans un souterrain qui sert alors de poudrière et de réserve à munitions. Il fait de Corte la capitale de l’Île et la ville du gouvernement de la Nation Corse de 1755 à 1769. Une Consulte s’y tient chaque année. En 1780 une nouvelle poudrière est construite pouvant recevoir plus de vingt tonnes de poudre, protégée par le château, beaucoup plus sécurisée. Tous les éléments métalliques sont en bronze pour éviter les étincelles et les soldats n’y entrent que chaussés de sabots de bois. C’était sans compter sur les Anglais qui, au XVIIIe siècle, dressent des rats sensés s’introduire dans la poudrière, équipés de pétards accrochés à leurs queues ! En vain, heureusement…

Après la défaite de Pascal Paoli face aux Français en 1769 et sa fuite en Angleterre, le comte de Vaux propose que toute la ville de Corte devienne ville fortifiée. Ce qui aurait représenté la surface de la ville de Montpellier ! Mais il est décidé que seules seront renforcées les fortifications de la citadelle par des murs de huit à quatorze mètres de haut, façon Vauban, en évitant les angles morts. Une nouvelle enceinte beaucoup plus vaste est ainsi créée. Corte devient alors une ville de garnison. Ce sont ces fortifications que nous pouvons visiter de nos jours. Ce renforcement et cette extension des fortifications s’accompagnent à partir de 1830 de l’expropriation et du relogement des six cents habitants de l’enclave civile représentant un tier de la population de Corte. La destruction de leurs soixante-seize maisons est également décidée, permettant ainsi la construction d’un hôpital militaire à leur place. Ils sont relogés dans la grande « Maison des 300 propriétaires » construite par l’armée et qui occupe les numéros 14 à 20 de la rue Professeur Santiaggi à Corte. Ce relogement durera 80 ans. 

Durant la Deuxième Guerre Mondiale, des Résistants corses et des prisonniers de guerre y sont incarcérés et gardés par les Italiens.

De 1962 à 1984, le Groupement d’Instruction de la Légion Étrangère s’installe à l’intérieur des fortifications après son rapatriement d’Algérie.

En 2021, cent-quarante tonnes de pierres sont déplacées par hélicoptère, puis réutilisées, afin de déblayer le « nid d’aigle » et de retrouver les bases de la première tour construite par Vincentello d’Istria en 1419. Ces travaux sont effectués après diagnostic de l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives). En 2024, l’enduit blanc des murs reprend la teinte d’origine car les militaires ne s’encombraient pas de teintures ou d’embellissements. L’efficacité avant tout. La pierre et le sable des environs sont exclusivement employés lors de cette restauration, comme il en était il y a six cents ans. Sébastien Celeri, architecte du patrimoine à la CdC, supervise les travaux de la société spécialisée des Frères Piacentini en ayant pleinement conscience de l’attachement des Cortenais pour leur fortin.

La citadelle, impressionnante et unique en Europe, abrite désormais le musée de la Corse et le fonds régional d’art contemporain de Corse (FRAC CORSICA). Elle est classée Monument Historique depuis 1977.