XIXe / Rapaggio – Eaux d’Orezza

 

Rapaggio – Eaux d’Orezza (nov. 2022). Photos © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 380 m.

42.376024, 9.377443 ou 42°22'33.7"N 9°22'38.8"E

Adresse : Acqua Acitosa, 20229 Rapaggio. Inscrit/Classé Monument Historique : Non.

 

Le site

Il s’agit d’une ancienne station thermale nichée au cœur d’une châtaigneraie près de Piedicroce.

Il n’est plus possible de visiter actuellement l’usine de mise en bouteille à cause des normes sanitaires en vigueur (en 2022). Seuls les abords sont accessibles. Le site le sera certainement de nouveau dans un proche avenir.

L’usine a su conserver son cachet d’antan si agréable. Même les bâtiments administratifs sont beaux et semblent patinés par l’histoire ! Une petite maison du même style fait office de boutique pour les produits dérivés et les boissons. Elle expose également le principe de fonctionnement de la chaîne d’embouteillage. 

Un grand parking vous accueille devant l’usine entourée d’une forêt dense. Les routes de la Castagniccia sont réputées sinueuses et étroites… sauf celle qui mène à cette usine. Elle est étonnamment large et roulante.

 

Fontaine des visiteurs des Eaux d'Orezza (nov. 2022).

 

Un peu d’histoire

Dès l’antiquité les eaux d’Orezza étaient connues. Les sources sont situées sur le Fium’Alto à 360 mètres d’altitude. L’eau est filtrée par les roches du mont San Petrone (1767 m) et est puisée à 60 mètres de profondeur, chargée d’acide carbonique. Elle met plus de vingt ans à traverser les différentes couches rocheuses jusqu’à la nappe de prélèvement.

Au XIXe siècle, son supposé pouvoir thérapeutique (anémie, paludisme, maladies du foie et des reins, etc…) est exploité par la voie du thermalisme. Sur le site, l’établissement thermal est encore présent au centre du parc de l’entreprise d’embouteillage. C’est un bel immeuble bien entretenu.

Des reproductions d’affiches et des panneaux racontent l’histoire des eaux d’Orezza.

Une fontaine « historique » installée au sein d’un kiosque (emblème de la marque) permet de goûter l’eau brute avant traitement qui ôte son goût assez désagréable au premier abord. En 1866, elle est reconnue d’utilité publique par décret. C’est une des eaux les plus ferrugineuse du monde, sans aucune trace de nitrate, et la seule naturellement gazeuse en Méditerranée.

Pascal Paoli est venu de nombreuses fois ici pour boire l’eau d’Orezza et profiter de ses bienfaits, ainsi que le Lieutenant Bonaparte. Au début du XXe siècle, les élégantes venaient y faire des cures et logeaient dans les hôtels de Stazzona et de Piedicroce. Les Allemands détruisirent une partie de l’usine d’embouteillage en fuyant en 1943.

L’exploitation de la source fut autorisée en 1856 mais cessa en 1995, faute de clients. François Xavier Mora, un industriel reconnu et corse d’origine (de Monaccia d’Orezza plus précisément), secondé par son épouse Marie-Laurence reprend l’affaire qu’il fait prospérer. Des stylistes anglais se chargent alors du design des bouteilles.

D’autres eaux minérales d’excellente qualité telles Zilia et Saint-Georges (connue depuis l’époque romaine) sont exploitées en Corse. Leurs sites industriels sont ultramodernes.

Au niveau mondial, le marché de l’eau embouteillée explose. En 1999, la consommation était de neuf litres par personne. En 2013, elle était de vingt-sept litres. En chine, elle a bondi de 230 %. En France, la consommation d’eau embouteillée est dorénavant d’environ 135 litres par an et par habitant (174 litres pour l’Allemagne et 199 litres pour l’Italie) ! Ce sont près de 7500 litres chaque seconde qui sont consommés actuellement dans le monde.