XIXe / 1890 / Ajaccio - Hôtel Cyrnos-Palace

 

Hôtel Cyrnos-Palace, Ajaccio (août 2023). Photos © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 23 m. 

41.917290, 8.728766 ou 41°55'02.2"N 8°43'43.6"E

Adresse : 13, Cours Général Leclerc, 20000 Ajaccio. Inscrit/Classé Monument Historique :

Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques pour les façades, toitures et cage d’escalier.

 

Le site

Voici un très bel immeuble. Sa restauration doit intervenir d’ici 2026. Situé sur un ample boulevard à l’écart du tourisme estival dans le quartier dit « des étrangers », il est proche du centre-ville. Voir, si besoin, « Le stationnement à Ajaccio ».

 

Un peu d’histoire

Au XIXe les architectes Dumoulin et Carayol réalisent cet édifice, livré en 1896.

Le syndic de cet immeuble s’est lancé un pari un peu fou : Le réhabiliter ! En septembre 2020 il était encore dans un état de délabrement avancé, mais des travaux sont toujours en cours. Malgré leurs coûts adoucis par le montant des aides, les copropriétaires ont tout à y gagner. Les amoureux du patrimoine pourront bientôt se promener Cours Grandval en ayant enfin la possibilité d’admirer le faste originel de l’Hôtel Cyrnos-Palace.

Miss Thomasina Mary-Anne-Elisa Campbell (1815-1888), riche aristocrate écossaise alliée de la famille royale, acheta des terrains à Ajaccio dès 1883. Elle fit construire son hôtel particulier de 1800 m², anciennement appelée « La Villa des Paons » et dorénavant « La Tour d’Albion », dans le quartier du Casone. Cette villa sera ultérieurement la propriété du riche parfumeur d’origine corse François Coty, actionnaire majoritaire du « Figaro » en 1922, maire d’Ajaccio en 1931 et père de l’industrie de la parfumerie moderne. Il en fera une école de commerce.

Amoureuse de la ville qu’elle envisageait comme « station d’hiver » pour les riches Anglais, Miss Campbell fit également édifier en 1878 sur sa cassette personnelle la belle l’église anglicane de la Trinité sur le cours Grandval (actuellement école de danse).

Elle demeurait en Corse avec Bernard Bradshaw et un Allemand, Strasser-Ensté, personnages très controversés. Ils héritèrent, à travers des procès et à tour de rôle, de tous les biens de Miss Campbell décédée en 1888 à Genève. C’est Strasser-Ensté, dans les années 1890, qui commanda l’édification de l’Hôtel Cyrnos-Palace qui devint l’un des plus beaux palaces d’Ajaccio. Tous les matériaux de construction furent importés d’Angleterre ! L’hôtel accueilli ses premiers clients en 1896.

Miss Campbell était appréciée des Ajacciens qui voyaient en elle une aristocrate étrangère soucieuse du devenir de leur ville, et détestée par d’autres la considérant comme impérieuse et se mêlant de trop près des affaires locales.

De nos jours, dans la rue qui porte son nom, on ne peut pour le moment que se désoler de l’état de l’Hôtel Cyrnos-Palace. Le revêtement de façade s’effrite et laisse apparaître quelques briques. Les volets ne relèvent pas l’ambiance générale.

L’intérieur est du même acabit. Les appartements ont été réhabilités mais les parties communes n’ont pas encore bénéficié des soins des hommes de l’art. La fresque en trompe-l’œil de l’escalier fait peine à voir. Les infiltrations d’eau sont partout et détériorent l’édifice sur leur passage.

Le raffinement et la douceur de vivre dans ce cadre au début du XXe siècle ne transparaît plus. Les habitants ont d’ailleurs frôlé l’arrêté de péril !

Ils ne sont pas restés sans réaction. La toiture a été refaite et divers autres travaux sont programmés. À ce jour, plus de 300.000 Euros ont été engagés avec l’aide de la Collectivité de Corse.

Comme pour toute réfection coûteuse de Monuments Historiques privés, des discussions, consultations et accords préalables sont nécessaires entre Syndic et copropriétaires. Mais également avec la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et l'Architecte des Bâtiments de France. Tout est très encadré. Une visite de conformité est effectuée après chaque phase de travaux. Elle est même étendue aux parties de l’immeuble qui ne sont pas visées par l’inscription à l’inventaire des Monuments Historiques.

Les artisans hautement qualifiés doivent suivre les instructions de l’architecte, ce qui n’est pas une mince affaire car les procédés actuels diffèrent de ceux de l’époque.

Ajaccio - Hôtel Cyrnos-Palace. Aquarelle © Jean-Marc Durastanti.