La Corse anglaise

 

1794 / Juin-Juillet / Siège de Calvi

Calvi, faisant alors partie de la République Française, est assiégée par les troupes anglaises et celles de Pascal Paoli qui compte sur l’Angleterre pour s’imposer.

Fortes de 6000 soldats Français et miliciens Corses, les troupes françaises de l'île sont sous le commandement de Raphaël de Casabianca. Il défend bravement Calvi avec 600 hommes pendant cinquante jours et capitule honorablement, sans plus de vivres ni de munitions. Durant ce siège, l’Amiral Horatio Nelson perd un œil. La Corse entière est donc libérée des Français… pour se jeter dans les bras des Anglais.

Plan indiquant les positions des forts, batteries et navires français ainsi que les batteries anglaises lors du siège de Calvi en 1794. Document : Emery Walker. Domaine public.

Nelson ?

C’est le vainqueur à Trafalgar de la flotte de Napoléon 1er en 1805. L’Amiral meurt lors de cette bataille, une balle dans la colonne vertébrale.

Auparavant, il a le bras droit arraché en 1797 par un tir de mousquet. Sans désemparer, il reprend le combat une heure après avoir été opéré et plus ou moins soigné.

Puis il est gravement blessé par la mitraille en 1798 lors du siège d’Aboukir, « la peau entière sanguinolente de son front lui tombant sur le nez ». Lors du siège de Calvi, il écrit à son épouse qu’il « est très occupé, mais qu’il se sent cependant dans son véritable élément ». Un guerrier totalement empreint de sa mission, bénéficiant assurément de l’expertise d’un excellent chirurgien ! 

Citadelle de Calvi (2023). Photo © François Fiette.

1794 / Paoli offre la Corse aux Anglais

Espérant indépendance et protection, refusant que la Convention impose ses choix en Corse, Paoli offre la Corse aux Anglais. George III devient donc roi de Corse. Bastia, assiégée puis conquise, est confirmée en être la capitale. Paoli aurait préféré Corte. Écarté du pouvoir, il brigue pourtant la fonction de Vice-roi de Corse ou au moins celle de commandant en chef des troupes. Il n’est investi en réalité d’aucune autorité par les Anglais. C’est Sir Gilbert Elliott qui est nommé Vice-roi. Pascal Paoli conserve un discours démocratique qui va à l’encontre de celui d’Elliott qui le considère comme démagogue. Il se déleste alors promptement de Paoli en l’expédiant en Angleterre le 14 octobre 1795. Il y mourra le 5 février 1807 sans avoir la possibilité, cette fois-ci, de revenir sur sa terre natale !

« Paoli fit appel aux Anglais pour échapper à la tutelle jacobine, mais il ne fit que changer de maître. » Paul Arrighi et Francis Pomponi dans « Histoire de la Corse ».

Le Vice-Amiral anglais, Samuel Hood, cherche des ports méditerranéens pour sa flotte tout comme le faisaient les Français auparavant. Il les trouve lors de la prise des villes de Calvi, Saint-Florent et Bastia ainsi que d’autres cités côtières.

Le royaume Anglo-Corse est voté à Corte le 15 juin 1794. La Corse est anglaise… mais possède sa propre Constitution. Les structures « traditionnelles » de la société corse sont invoquées et les Corses pensent être indépendants. Ils attendent des Anglais de l’argent et des postes rémunérateurs qu’ils ne peuvent leur fournirent. Encore une singularité : La Corse n’est pas annexée à l’empire britannique mais a le même souverain que lui, Georges III, qui uni à travers sa seule personne les deux territoires. Subtil distinguo légal qui ne change rien au fait que la Corse est anglaise. La nouvelle administration de l’Île n’a que peu de prise sur les Corses. Selon le Vice-Roi, ni les lois, ni la justice, ni la gestion courante de l’île ne fonctionnent. Les idées révolutionnaires sont alors encore très présentes au sein de la population, en particulier à Bastia.

Deux camps s’affrontent, ceux qui sont favorables aux Anglais et les pro-Français. Clivage fondamental scindant la société îlienne dans sa totalité. C’est à partir de ce moment que les historiens définissent le début des « clans » en Corse.

Les Anglais n’ont d’autre attachement envers la Corse que stratégique. Sir Elliott s’interroge d’ailleurs sur la pertinence de laisser l’Île à l’Espagne ou à la Russie.

 

1795 / Établissement du système métrique

Il change la face du monde.