XVIe / 1554 / Ajaccio – Citadelle
Citadelle d’Ajaccio (août 2023). Photo © François Fiette.
Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 5 m.
41.916687, 8.740248 ou 41°55'00.1"N 8°44'24.9"E
Adresse : La Citadelle, 20000 Ajaccio. Inscrit/Classé Monument Historique : Oui.
Le site
Plage Saint-François, août 2023. Photo © François Fiette.
Voir, si besoin, « Le stationnement à Ajaccio ».
C’est l’ancienne caserne Miollis, un terrain militaire récemment cédé à la commune.
Désormais, la Citadelle peut être visitée. Des travaux sont en cours depuis 2022 pour la réhabiliter, prévus pour durer sept ans. Vous pouvez accéder à divers endroits de l’ensemble fortifié. Une « guinguette » est présente (très fréquentée l’été) près de l’ancien immeuble des officiers et de la poudrière. Diverses boutiques artisanales ont élu domicile le long des voies principales.
Vous pourrez terminer votre visite par une baignade. La belle plage urbaine de Saint-François se situe juste en contrebas.
Un peu d’histoire
L’Office de Saint-Georges (institution financière génoise) se voit confier l’administration de la Corse par Gênes en 1453. Pour ce faire, il a besoin de bastions aisément défendables le long des côtes. Les sites d’Ajaccio et de Sagone sont retenus. Après de longues discussions et la visite d’une commission au XVe siècle, Ajaccio est finalement préférée.
Le site d’implantation choisi jouxte un mouillage adapté aux bateaux importants et est entouré par la mer sur trois de ses côtés. Les Génois avaient déjà sélectionné cet emplacement au XIIIe siècle lors de la construction d’un premier fortin, abandonné par la suite.
En 1492, la première pierre du nouveau bastion génois est posée. Ainsi nait la ville d’Ajaccio. Les recherches archéologiques et historiques permettent d’être très précis quant à cet évènement qui advient le 30 avril 1492 à la dix-neuvième heure à la base de la tour de l’Étendard ! Le bastion est brut et ne compte qu’une tour d’une dizaine de mètres. Il est situé loin des marécages alentours vecteurs de malaria et comble un vide militaire entre Calvi et Bonifacio. Au début du siècle suivant, des murailles sont élevées et un fossé est creusé pour protéger les maisons construites autour de la tour.
Citadelle d’Ajaccio (août 2023). Photo © François Fiette.
Les troupes françaises occupent la citadelle en 1553 dont les remparts sont édifiés en majorité durant cette période par le maréchal de Termes. Elle est ensuite entourée d'un fossé communicant avec la mer. Mais la Corse dans son ensemble est rendue à Gênes en 1559 à la suite de la signature des Traités de Cateau-Cambrésis.
Afin de lutter contre les pirates turcs, les Génois renforcent les fortifications de l’Île. Une scission est alors opérée entre la ville et la citadelle. Une vingtaine de maisons et deux églises sont détruites pour obtenir ce résultat.
La tour Martello, première à être construite spécifiquement pour repousser les offensives ennemies, est érigée à la pointe de la Mortella. D’autres suivent telle la tour du Diamant transformée en bastion par la suite. L’eau de pluie est canalisée puis stockée dans une citerne de la tour de l’Étendard permettant ainsi de tenir un siège. De 1770 à 1829, les Français substituent des fossés secs aux fossés en eau. L’ancienne poudrière représente une des seules bâtisses d’Ajaccio couvertes par un toit de lauzes. Les constructeurs militaires de l’époque n’escomptaient pas l’embellir mais ont ainsi fait en sorte que les boulets ricochent plus facilement que sur un toit de tuiles bien plus fragile.
En 1792, à Pâques, une dispute de rue dégénère près de la citadelle en un début d’insurrection. Les gardes nationaux casernés derrière ses murs interviennent. Ils sont commandés en partie par Napoléon Bonaparte, récemment nommé Lieutenant-Colonel. Des coups de feu sont échangés. Un officier est tué. Cinq civils sont abattus alors qu’ils sortent de la cathédrale après la messe. Progressivement, le calme est ramené grâce aux cinq cents hommes du colonel François-Charles de Maillard.
Ajaccio - Plage Saint-François, août 2023. Photo © François Fiette.
Durant la Deuxième Guerre Mondiale l’occupant italien emprisonne et torture des Résistants dans les cellules et les souterrains de la citadelle, affleurants le niveau de la mer, qui servaient d’entrepôts. Fred Scamaroni se donnera la mort pour ne pas parler. Son cachot est resté tel quel depuis cette époque.
La citadelle dans son ensemble est classée Monument Historique en septembre 2012 et est cédée à la ville d’Ajaccio en 2015.
En 2021, l’artiste Baptiste César implante sa sculpture bien visible du boulevard Lantivy, « l’Agave Parabolique », composée de feuilles d’agave stabilisées et de matériaux recyclés.
De nombreux efforts financiers sont engagés de nos jours afin de la réhabiliter et pouvoir l’ouvrir au grand au public. Certains secteurs restent pour le moment inaccessibles tels les lieux de fouilles archéologiques et les chantiers en cours (les fondations d’un ancien château génois du XVe siècle ont été découvertes). Une partie des sols est encore pollué par des métaux lourds provenant principalement de cartouches en nombre. Les aménagements actuels sont surtout des passerelles et des travaux de stabilisation. Mais les idées sont nombreuses quant au devenir de la citadelle. Les remparts vont être restaurés. Il est prévu d’en faire un nouveau quartier d’Ajaccio autant attractif pour les ajacciens que pour les touristes. Un village dans la ville en somme.
Plan de la ville et citadelle d'Ajaccio en 1787.
Ancien possesseur : Antoine-René de Voyer marquis de Paulmy d'Argenson (1722-1787) — Gallica Illustration. Domaine public.