XVIe / Luri – Tour de Sénèque
Luri - Tour de Sénèque. Photos © François Fiette.
Coordonnées GPS : Altitude ± 564 m.
42.905111, 9.372671 ou 42°54'18.4"N 9°22'21.6"E
Adresse : Tour de Sénèque, 20228 Luri. Inscrite/Classée Monument Historique : Oui.
Le site
Non loin du col Sainte-Lucie (381 m), un parking assez vaste vous accueille près des « Gîtes Sénèque » (ancien couvent Saint-Nicolas). Il est desservi par une route étroite qui prend embranchement sur la D180. Les croisements de véhicules y sont assez délicats. Puis un chemin pédestre escarpé et balisé mène jusqu’à la tour, à travers un haut maquis ombragé. Comptez environ trente-cinq minutes de marche soutenue. Se méfier du rocher plat qui donne accès à la tour à l’arrivée sur site car il peut être légèrement glissant en atmosphère humide. Aucun garde-fou ne vous garantit du vide. Faire donc très attention aux enfants…
En étant normalement vigilant, ce site sera pour vous un régal. Préférez vous y rendre par beau temps. Le panorama est magnifique et la tour imposante, presque inquiétante, mais belle. Ce lieu est chargée d’histoire et cela se ressent presque physiquement. Il n’est absolument pas adapté aux personnes à mobilité réduite.
Un peu d’histoire
La « Tour de Sénèque » s’apparente plus à un donjon qu’à une tour. Elle est classée Monument Historique depuis 1840 et appartient à la commune de Luri.
C’est un ancien édifice génois construit par la famille dei Moti au XVIe siècle sur un piton rocheux à 564 mètres d’altitude. Il est équipé d’une citerne dont on peut encore voir les ruines. Ce donjon remplace une ancienne tour romaine détruite. Au Moyen Âge la tour était une forteresse appartenant à la puissante famille Da Mare, alliée de Gênes.
Les troupes françaises s’en servent de 1556 à 1559 lors des luttes contre les Génois, après les avoir refoulés.
Sénèque, philosophe et dramaturge romain du premier siècle de notre ère, est réputé y avoir vécu entre l’an 41 et l’an 49. Il est alors exilé pour avoir séduit la nièce de l’empereur Claude. La tradition orale veut que Sénèque se soit alors entiché d’une jeune Corse. La famille de celle-ci aurait alors frappé le philosophe avec des orties pour lui faire comprendre que sa mauvaise conduite constante ne pouvait que le desservir.
C’est pour cela qu’une variété de ces plantes urticantes est largement présente au pied de la tour, nommée « Urtica di Seneca » …
Sénèque, certainement un peu déprimé par sa retraite forcée écrivit ces vers :
« Que peut-on trouver si nu, qu’est-ce qui est si robuste que ce rocher ? Quoi de plus stérile ? Quoi de plus grossier quant à ses habitants ? Quoi dans la situation même de l’endroit plus horrible ? Quel climat plus intempérant ? Pourtant, il y a plus d’étrangers que d’indigènes. Jusque-là, le changement de lieu est désagréable. Même cet endroit a fait fuir certaines personnes de leur pays. »
Rien ne prouve réellement que Sénèque y ait vécu ! Il a été effectivement exilé en Corse, mais peut-être ailleurs qu’ici. La « Tour Sénèque » n’apparait d’ailleurs sur les cartes comme toponyme qu’à partir de 1686.
Lors de son retour au pays, Sénèque se voit contraint par Néron de se suicider (en l’an 65) à la suite d’un complot déjoué.