XIVe / 1380 / Bastia – La Citadelle

 

Bastia - La citadelle de Bastia (juillet 2024). Photos © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 35 m. 

42.693414, 9.450588 ou 42°41'36.3"N 9°27'02.1"E

Adresse : La Citadelle, Cours Favale, 20200 BASTIA. Eléments de la Citadelle classés Monuments Historiques.

 

Le site

La citadelle est indissociable de la Place Vincetti qui la flanque. Bars, restaurants et commerces la longent. Des jeux pour enfants sont disposés près des remparts avec une vue panoramique sur la Méditerranée.

Cette place porte le nom d’un grand Résistant corse, Dominique Vincetti, abattu dans les Agriates par les chemises noires italiennes alors qu’il aidait au débarquement d’armes apportées par le sous-marin « Casabianca ».

Cette place était auparavant … un ravin ! À partir de 1834, il commence à être comblé et devient petit à petit la Place du Porto-Vecchio, appelée par la suite Place d’Armes. Pourquoi Place d’Armes ? Parce qu’à cette période la garnison militaire de la citadelle y effectue journellement des exercices.

Transformer un ravin en place urbaine ne se fait pas sans heurts. Il faut 45 ans de travaux à partir de l’année 1852 pour y parvenir ! En effet, stabiliser le remblai se révèle être une œuvre délicate et de longue haleine. Les efforts consentis pour y parvenir sont à la fin payants. La Place d’Armes devient alors un lieu très animé. En 1887, le conseil municipal vote une dotation en faveur de l’implantation d’arbres afin d’y limiter l’effet du soleil brûlant estival. C’est un passage tout indiqué pour le transit des personnes et des marchandises en provenance du sud de Bastia. Plus de six cents charrettes y passent chaque jour ! 

Dans les années 1920, la Place d’Armes fait office de terrain de football, partageant sporadiquement cet emploi avec la Place Saint-Nicolas…

La citadelle en elle-même n’est pas propice aux balades motorisées, c’est à déconseiller. Elle a su garder taille humaine à travers les siècles et gagne à être visitée à pied.

 

 

Quelques motos peuvent tout de même trouver à se garer sur la petite Place Annarella, à l’intérieur des murs.

 

GPS : 42.693091,9.451824 ou 42°41'35.1"N 9°27'06.6"E

La sereine Citadelle, construite sur une éminence rocheuse et chargée d’histoire, semble être un village dans la ville. Ses ruelles étroites et colorées, hors du temps, vous invitent à la détente tout comme ses bars et restaurants situés à proximité de la porte principale dite « Louis XVI ».

La Place du Donjon… ne jouxte aucun donjon ! Mais distribue le Pavillon des Nobles Douze, le Palais des Gouverneurs et les rues étroites de la Citadelle organisées en une sorte de labyrinthe aux couleurs de l’Italie. Depuis 2015, la Citadelle accueille un établissement 4 étoiles.

Un peu d’histoire

L’intention du gouverneur Génois Leonello Lomellini, vers 1380, est d’aménager un lieu fortifié près du port de Cardo (devenu un quartier de Bastia de nos jours) pour sécuriser le commerce ainsi que l’arrivée d’éventuels renforts envoyés par Gênes. Ce site est nommé « la Bastia » (la Bastide). C’est alors un point stratégique crucial entre la Plaine Orientale et le Cap-Corse. Il n’avait pas vocation à devenir une ville importante. Il est situé entre deux anses pouvant éventuellement servir de ports.

Bastia - Porte du Palais des Gouverneurs, Citadelle de Bastia (2020).

Il ne reste rien du premier fortin construit. Il se situait à l’emplacement actuel du bastion « San Carlu », au-dessus du jardin Romieu. À travers les âges, il a donné l’emblème de la ville de Bastia.

Conquise en 1393 par le comte Arrigo della Rocca, puis par Vincentello d'Istria, la citadelle revient à Gênes en 1437 jusqu’à l’avènement de l’emprise française.

Le Palais des Gouverneurs est la pièce maîtresse de l’histoire de la citadelle. Son édification date de 1448. Ce n’est qu’au début du XVIe siècle qu’il est achevé et qu’il devient la résidence fortifiée des gouverneurs génois.

La Citadelle de Bastia reste longtemps une bâtisse fort modeste d’une vingtaine de pièces, organisée autour d'une cour centrale. L'accès se fait par le sud en traversant un pont-levis (toujours en fonction aujourd’hui) enjambant un fossé. Puis elle est de nombreuses fois agrandie et repensée.

 

 

 

 

 

Emblème de Bastia.

En 1453, la République de Gênes confie la gestion de la Corse à « L’Office de Saint-Georges », une institution financière génoise alors très influente. Ses armoiries sont visibles sur les clefs de voûtes du Palais des Gouverneurs ainsi que sur la deuxième porte située après la Porte Louis XVI (armoiries très dégradées). Elles représentent le combat de Saint-Georges terrassant le dragon.

L’année 1475 voit la construction de quelques maisons en contre-bas de la forteresse, puis d’avantage sous l’impulsion du podestat Antonio Tagliacarne à partir de 1488. La première muraille de la citadelle n’est édifiée qu’en 1478 et les murs principaux sont terminés vers 1488. Les hauts remparts ne sont érigés que plus tard.

Les maisons et immeubles des débuts de la citadelle, dont les matériaux sont acheminés à dos d’animaux, répondent à des critères précis de construction. Il faut d’emblée préparer la viabilité et l’adduction d’eau, ne pas gaspiller de surface et proscrire les initiatives personnelles. Prévoir des égouts afin de ne pas reproduire les erreurs de Calvi où les habitants jettent leurs déchets par les fenêtres. Les résidents eux-mêmes sont triés sur le volet : Pas de « mauvaises têtes », ni de criminels ou suspectés de l’être. Ces personnes de confiance doivent avoir déposé leurs fonds auprès de la banque de Saint-Georges. Ce sont en majorité des Génois mais également de nombreux riches commerçants Corses.

Antonio Tagliacarne fait construire sa propre maison la « Casa Tagliacarne », petite à l’origine, belle et toujours visible face au Palais des Gouverneurs. C’est la naissance de la « Terra-nova », la nouvelle ville, en opposition avec la « Terra-vechja » émanation du Vieux-Port lui-même « marine » (port) de Cardo. Ces deux parties de la ville se développeront conjointement.

À côté de cette maison, face au Palais du Gouverneur également, une autre construction est remarquable. C’est la « Casa Zerbi » du vicaire du gouverneur, un personnage important car numéro deux dans d’administration génoise après le gouverneur. Elle fut rachetée par Paulo Zerbi (1582-1635) en 1613. Elle date de 1490 et sa construction a durée cinq ans. Des membres de la famille de Zerbi l’occupent toujours !

Les lieux de pouvoir sont transférés de la ville de Biguglia vers la forteresse.

Environ 600 âmes peuplent « Terra-nova » en 1500. À la demande des habitants, sont construites en 1518 deux tours rondes imposantes aux angles du Palais des Gouverneurs afin de mieux protéger l’ensemble. Les murs sont également renforcés.

En 1553, Sampiero Corso (condottiere corse qui fait une grande partie de sa carrière au service de la France) assiège la ville. Les Génois se rendent rapidement. La forteresse passe alors pour être mal sécurisée.

Maisons « Casa Tagliacarne » et “Zerbi”, Citadelle de Bastia (2020).

Les fortifications sont encore renforcées et améliorées par le Doge Andrea Doria après que Gênes ait repris possession des lieux. Les Génois reconstruisent totalement les remparts entre 1575 et 1626. À l'intérieur de la citadelle on dénombre alors six bastions.

Toutes ces améliorations ne parviennent pas à rassurer les Génois quant à l’inexpugnabilité de la forteresse.

Ils transfèrent le siège du Gouverneur à Calvi dont la citadelle est réputée beaucoup plus sûre. Le Palais des Gouverneurs de Bastia voit les organes du pouvoir génois revenir en 1659.

En 1768, la France domine et le Palais des Gouverneurs est déserté. Le gouvernement de l’Île préfère un couvent près du Vieux-Port (actuellement le lycée Jean Nicoli, du nom d’un Résistant).

Les monuments majeurs de la Citadelle sont décrits individuellement dans les pages qui suivent.

Bastia - Tour ronde sud du Palais des Gouverneurs (déc. 2020).