Préhistoire / Sartène – I Stantari
Sartène - I Stantari (juin 2023). Photo François Fiette.
Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 110 m.
41.530392, 8.921676 ou 41°31'49.4"N 8°55'18.0"E
Adresse : Scaglio, 20100 Sartène. Inscrit/Classé Monument Historique : Oui.
Les mégalithes semblent immuables. Au début de l’étude du site, une trentaine de statues-menhirs sont relevées. Peu de sites préhistoriques sont aussi intacts. I Stantari (les statues debout et figées en langue corse, les Menhirs) sont des mines d’informations pour les archéologues. Tous les indices sont exploités mais sont encore difficilement déchiffrables. Par exemple, les armes gravées sur les statues ne peuvent avoir appartenues aux peuples autochtones car ils n’en possédaient pas de semblables. Un vrai « casse-tête » archéologique !
I Stantari ont été dressés durant une des dernières phases du mégalithisme corse, vers la fin de l’âge du Bronze.
Entre -200 et -50 avant notre ère, lors de la romanisation, le site semble avoir été l’emplacement de terres agricoles et certains des monolithes se retrouvaient utilisés dans les clôtures ! Les lieux ont fait l’objet d’une campagne de restauration en 1965. Mais l’érosion et les éléments naturels effectuent leur travail malgré les soins apportés.
Plus généralement, dolmens, menhirs et statues-menhirs se retrouvent sur le sol de Corse dans environ 140 sites. Certains contiennent des centaines de menhirs, parfois anthropomorphes, assez semblables à ceux que l’on retrouve sur le continent européen ! Petit à petit, le voile fait de légendes et de mystères se découpe lentement sous les scalpels des archéologues. Nous savons maintenant que ce phénomène s’est étalé sur environ trois mille ans, de -4500 à -1200 ans avant notre ère.
Les dolmens avaient, sans conteste, un rôle funéraire. Malheureusement, les pilleurs sont passés par là…
Un autre fait établit récemment, et important, est que toutes les pierres élevées le sont du côté de l’est donc vers le levant. La réelle signification de cette orientation ? Le soleil, très certainement, et des rites le célébrant. Ces sites mégalithiques ont été remaniés et entretenus durant des siècles et même des millénaires. Impressionnant cette volonté de les perpétuer sur d’innombrables générations ! Ils sont tous situés près de zones géographiques marquées : Cols, rivières, sources, etc… Vers -1200 ans, les statues-menhirs sont parfois associées à des sites fortifiés. Elles sont alors équipées de poignards, cuirasses et casques. Bien qu’étant une île, la Corse n’a pas échappé aux débuts des grandes confrontations intra-européennes pour les biens vitaux et de haute valeur. La sépulture de Campu Stefanu (Sollacaro, Corse-du-Sud) en témoigne. Le défunt a été inhumé avec de l’ambre en provenance des régions baltiques et des perles de verre issues du Proche-Orient.
Bien plus tard, certaines des pierres érigées ont été utilisées pour les soubassements d’églises romanes locales. Souvent, ces sites mégalithiques ont été associés à des agissements diaboliques, d’où des noms parfois peu engageants tels que « stazzona di u diavolu » (forge du diable) ou « tola di u turmentu » (table de sacrifice).