XVIIIe / Corte – Immeuble 2, Place Gaffory

 

Corte – Immeuble 2 Place Gaffory (fév. 2023). Photos © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 455 m.

42.305129, 9.149709 ou 42°18'18.5"N 9°08'59.0"E

Adresse : 2, Place Gaffory, 20250 Corte. Inscrit/Classé Monument Historique : Oui, partiellement.

 

Le site

Lieu supportant encore les stigmates des guerres du XVIIIe siècle. Voir en supra, si besoin, « Le stationnement à Corte ». 

 

Un peu d’histoire

Les trous que vous voyez sur la façade de l’immeuble ne sont pas dus aux affres du temps, mais à des impacts de balles génoises remontant aux années 1750 lors du siège de Corte ! L’immeuble à tout conservé de cette époque. Peu de travaux structurants sont intervenus pour le maintenir en état. Les fenêtres ont été changées et un commerce s’est installé au rez-de-chaussée. Le toit a été refait dans les règles de l’art en 2021. C’est à peu près tout.

La maison était celle de Jean-Pierre Gaffory. Sa statue de bronze réalisée en 1900 orne la place. Elle est l’œuvre du sculpteur Émile Aldebert. Gaffory était le secrétaire du momentané et transitoire roi des Corses, Théodore de Neuhoff. Il est une des nombreuses figures ayant affronté les Génois avec ferveur et a fait l’admiration des voyageurs anglais du XIXe siècle qui s’aventuraient en Corse, tels Cowen.

Un de ses faits d’arme doit être relaté ici, afin mieux cerner le personnage.

En 1746, Corte est sous domination génoise. Une petite armée de Corses commandée par Gaffory prend la direction du château (la citadelle de nos jours) aux fins de l’investir. Mais les Génois, finaux et ne reculant devant rien eux non plus, avaient pris en otage le fils de Gaffory ainsi que sa nourrice ! Dès les premiers échanges de coups de feu les Génois brandissent l’enfant, ce qui a pour effet de refroidir l’allant de Gaffory et de ses soldats. N’écoutant alors que son devoir de patriote, il ordonne fermement à sa troupe de combattre ardemment ! Ce qui est tellement bien fait que le château est pris par les Corses et l’enfant sauvé par la même occasion (quid du sort de la nourrice ? On ne sait pas…).

Le même acte patriotique est attribué à la mère du bambin, Faustina Gaffory, qui aurait elle aussi crié aux troupes corses de ne pas se soucier de l’avenir de son enfant et de combattre les Génois.

Gaffory devient un peu plus tard général de la Nation Corse, précédant à ce titre Pascal Paoli. Il est assassiné en 1753 sur le chemin de Corte. Par qui ? Mystère. Une famille ennemie génoise ? Un membre de sa famille ? Querelle de délimitation de propriété avec la famille Romei ? Son propre frère est pressenti comme celui l’ayant trahi. Des éléments historiques tendent à désigner un agent génois comme commanditaire de cet assassinat. Il s’agirait de Giovanni Giacomo Grimaldi, devenu doge de Gênes de 1756 à 1758. 

Cet immeuble est cité aux Monuments Historique depuis 1995.