XVIIe / Nonza – Église Sainte-Julie & Fontaine des Mamelles

 

Nonza - Eglise Sainte-Julie (mars 2021). Photo © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : 140 m.

42.784999, 9.345022 ou 42°47'06.0"N 9°20'42.1"E

Adresse : Église Sainte-Julie, 20217 Nonza. Inscrite/Classée Monument Historique, ou Inscrit : Oui.

 

Le site

 

Voir en supra, si besoin, « Le stationnement à Nonza ».

Plusieurs bars et restaurants vous accueilleront. L’ambiance de la ville est particulière et très agréable. Elle est due au promontoire rocheux sur laquelle elle est construite et à l’hospitalité réputée de ses habitants. 

 

Un peu d’histoire

 

C’est dans le quartier de Piazza, au centre du village, que se situe cette église piévane de style classique, propriété de la commune. Elle a été édifiée au XVIe siècle sur un sanctuaire préroman et remaniée au XVIIIe. Son toit est fait de lauzes. Le clocher date de 1893. Sainte-Julie est la patronne de la Corse.

L’église est classée Monument Historique depuis 1984.

Un orgue, du mobilier et des œuvres d’art également classés Monuments Historiques y sont abrités.

 

Église Sainte-Julie (avril 2024), Le Martyre de Sainte Julie de Corse. Photo © François Fiette.

 

Au fond du cœur, une toile du XVIe siècle représente Sainte Julie crucifiée, ce qui est rarissime car c’est plus généralement le Christ que l’on retrouve ainsi à cet endroit.

La Fontaine Santa Ghjulia 

 

La légende veut que les seins de Sainte-Julie fussent coupés puis jetés contre un rocher lors de sa crucifixion, sous l’empire de Dioclétien (284 à 305, les Romains n’étaient pas encore christianisés). Elle fut « torturée par les Romains pour sa fidélité à la foi chrétienne le 22 mai 303 à cet endroit » (repris de la plaque commémorative apposée sur le fronton de la fontaine). Il y jaillit une source miraculeuse qui ne se tarie jamais. C’est la « fontaine aux mamelles ». Elle se trouve sous la route, à l'entrée nord de Nonza. Un escalier de 154 marches y mène. Ceci est la version corse du martyre de Sainte-Julie qui stipule qu’elle était native de Nonza.

La fontaine a été restaurée en 1954. Ses eaux sont supposées miraculeuses et font l’objet d'un pèlerinage. Sainte-Julie est célébrée le 22 mai par les catholiques.

Une autre version du martyre existe.

Elle précise que Sainte-Julie vivait au Ve siècle à Carthage sous le joug des Vandales. Vendue comme esclave à un commerçant ambulant syrien, elle fit escale à Nonza vers l’an 450-460.

Lors d’une fête païenne alors donnée en cette ville, elle refusa de renier sa foi chrétienne et fût traînée, frappée, fouettée et crucifiée. Cette version est reconnue par les offices du diocèse d'Ajaccio. Il semblerait donc que les Romains ou les Vandales soient responsables de ces atrocités. En effet, les Vandales, hordes barbares germaniques converties à l’arianisme (doctrine christologique affirmant que Jésus n'est pas de même nature que Dieu, son Père, et qu'il lui est inférieur) se disputaient alors la domination de la Corse avec les Romains. En fait, les Vandales n’étaient pas plus « barbares » que les Romains. Ils étaient d’ailleurs largement intégrés dans les légions romaines comme « prestataires » de services militaires et étaient très appréciés car un Vandale avait une solde six fois moins élevée qu’un soldat romain. Pour la pauvre Sainte-Julie, que ses bourreaux soient Romains, Vandales ou Romano-Vandales n’a pas changé grand-chose.

Les Vandales quittèrent définitivement la Corse après une domination de soixante-dix-sept ans, en l’an 534. Ils furent remplacés quelques temps par des Grecs, tout aussi rapaces et encore moins « sympas », puis par les Lombards.

Nonza - Fontaine des Mamelles (mars 2021).  Photo © François Fiette.

 

Une dernière version, issue de la « Correspondance » de Grégoire-le-Grand, situe le martyre de Sainte-Julie aux alentours de l’an 553. Des Romains (le peu qui en restait sur l’île), des Byzantins, des Ostrogoths ou des pirates païens furent alors ses tortionnaires.

Vous l’aurez compris, tout ceci demeure assez flou. Les Historiens sauront, à n’en pas douter, démêler le faux du vrai dans l’avenir mais peu de documents ou de matériel archéologique existent en Corse concernant cette période. Les Vandales n’ont pas laissé d’éléments architecturaux spécifiques. Un peu plus en Sardaigne apparemment.

Toujours est-il que le Cap-Corse est, de fait, le lieu d’un martyre perpétré dans une situation politique plus que chaotique. Il a acquis une dimension internationale. La ville canadienne de Sainte-Julie, par exemple, a été nommée en l’honneur de cette Sainte.