XIIIe / Saint-Florent – Église Sainte-Marie (ancienne cathédrale du Nebbio)

 

Saint-Florent – Église Sainte-Marie (mars 2021). Photos © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 15 m.

42.679685, 9.310835 ou 42°40'46.9"N 9°18'39.0"E

Adresse : Route de la Cathédrale, D 238, 20217 Saint-Florent. Inscrite/Classée Monument Historique : Oui (1874).

 

Le site

L’église est située à huit cents mètres du centre-ville de Saint-Florent. Il est facile de stationner devant, sur une place en graviers. Vous pouvez également vous garer sur les parkings centraux de la ville et faire la balade à pied (simple, plate et asphaltée). Les personnes à mobilité réduite peuvent atteindre et visiter le site (trois marches).

 

Un peu d’histoire

L'église était la cathédrale de l'évêché du Nebbio avant la Révolution. C’était alors une province génoise.

De construction romane-pisane à trois nefs, similaire aux plans de la « Canonica » à Lucciana (citée dans cet ouvrage), elle date du XIIe ou du XIIIe siècle (certainement construite entre 1121 et 1139). L’évêché en fit le centre administratif, économique et religieux de la région. Saint-Florent était le siège épiscopal.

L’église est désertée dès le XIIIe siècle car trop peu sûre. Son toit s’effondre d’ailleurs en 1576. Elle est restaurée au XVIIe siècle. Les militaires génois s’y installent au XVIIIe siècle, ce qui n’arrange rien.

Sainte-Marie est bâtie à l’emplacement d’une ancienne basilique paléochrétienne. Comme dans la majorité des églises pisanes, le plan est orienté sur un axe est/ouest. L’abside est particulièrement belle et travaillée avec ses six colonnettes. Les pierres en calcaire blanc local sont très bien appareillées et le mortier à la chaux est invisible. Des trous de boulins sont repérables sur les façades. Ce sont des orifices qui permettaient de fixer les planchers des échafaudages lors de la construction de l’église, appelés platelages.

Les décors et effets architecturaux extérieurs sont soignés, plus que ceux de sa cathédrale « sœur » la Canonica de Lucciana. Elles sont toutes deux aussi harmonieuses et équilibrées. La Canonica a la même largeur mais est plus longue. La porte principale est toute en hauteur, soulignant ainsi la qualité de cathédrale dévolue à l’édifice au Moyen Âge. L’arc inférieur au-dessus de la porte encadre une fenêtre à vasistas datant de 1666. Elle remplace un tympan percé. Les deux chapiteaux de la porte d’entrée sont différents. L’un d’entre eux supporte une fresque représentant deux serpents enroulés. Cette représentation ne souligne pas le péché provocateur originel d’Adam et Eve. En effet, dans l’antiquité, les serpents enroulés représentaient la concentration et la nécessaire retenue face à la tentation.

La façade sud est dotée d'une petite porte latérale. Étonnamment, cette église ne possède pas de clocher.

Dans un rapport d'inspection qu'il fit en Corse, Prosper Mérimée (1803-1870), alors directeur des monuments historiques de France, rédigea ces quelques lignes amusantes :

« Au nord de l'église, et près d'une porte latérale on me fit remarquer trois trous qui traversent le mur irrégulièrement. Il me semblait que c'était le résultat d'une distraction des ouvriers qui avaient bâti le mur. Toutefois ces trous sont en grande réputation. Tous les ans, le jour de la fête de Sainte Flore ils exhalent une odeur de violette. Le fait rapporté par Ughelli (Italia christiana, tome IV) me fut attesté par le maire et le curé de Saint-Florent qui m'engagèrent à bien flairer les trous susdits, m'avertissant que je ne sentirais rien du tout, ce qui se trouva parfaitement vrai. » Prosper Mérimée - Notes d'un Voyage en Corse.

L’intérieur, sobrement éclairé, laisse voir la solide charpente de l’église. Le toit est recouvert de lauzes. Le décor est en revanche assez riche. L’église abrite quatre œuvres remarquables, toutes propriétés de la commune et classées Monuments Historiques (sculptures et statues). Une fresque sommitale du XVe siècle orne l’abside du chœur. Elle représente les douze apôtres. Le maître-autel date du XVIIe siècle.

Le Christ Noir en bois de tilleul, classé, était sorti en procession à chaque sécheresse. Au titre du changement climatique, il va peut-être devoir « reprendre du service ».

Le corps du dernier évêque du Nebbio, un corse nommé Dominique Santini (1727-1814), repose dans la crypte.

La cathédrale a la charge de la conservation d’une relique de Saint-Flor donnée à l'évêque du Nebbio par Rome. C’était un soldat romain martyrisé au IIIe siècle. Il est fêté tous les trois ans, le temps d’un week-end.

L'église Santa Maria Assunta qui appartient à la commune est citée aux Monuments Historiques depuis 1874, répertoriée par Prosper Mérimée. C’est le premier édifice ainsi classé en Corse. De nos jours, des concerts y sont donnés lors des périodes estivales. La municipalité organise des visites tous les jours de l’été (1,5 € par personne en 2022).