Monarchie de Juillet

 

Ni Louis XVIII ni Charles X n’ont sorti la Corse de la pauvreté. Louis-Philippe, Duc d’Orléans, devient Louis-Philippe 1er et rebat les cartes de la modernité en succédant à son cousin Charles X, un Bourbon. L’Île de Beauté est propulsée dans l’ère industrielle. Elle tente d’en bénéficier au maximum de ses possibilités au sein de la nouvelle monarchie constitutionnelle, la « Monarchie de Juillet ». Le sang de la Terreur et la piètre Restauration sont oubliés. Une bourgeoisie libérale et commerciale s’implante à Ajaccio et à Bastia où flotte le drapeau tricolore.

Un gros effort de désenclavement de la Corse est entrepris qui correspond à un immense besoin. La construction de larges voies, littorales et centrales (Calvi-Sartène, Ajaccio-Bastia), sont pérennisées ou lancées. Quatre jours sont alors nécessaires pour rallier à cheval Bastia à Ajaccio par des chemins impraticables. Ces routes vitales qui remplacent des pistes sont complétées et améliorées, par la suite, sous Napoléon III.

Les premiers bateaux à vapeur accostent à Ajaccio et à Bastia, accélérant ainsi grandement les transports et les échanges commerciaux.

Dans bien des domaines, la Corse doit beaucoup au XIXe siècle.

 

1830 / 31 juillet / Accession au pouvoir de Louis-Philippe 1er, dit le « Roi-Citoyen »

 

1831 / mars / Retour du Jury criminel en Corse

Louis XVIII l’a supprimé en 1814. Louis-Philippe le rétablit. En effet, les jugements rendus par une chambre composée uniquement de Juges professionnels semblent désormais discriminatoires en Corse et font de l’île un territoire judicaire d’exception.

 

1835 / Choléra

Le choléra fait des ravages dans une corse déjà très appauvrie.

 

1835 / 28 juillet / Attentat contre Louis-Philippe

Dix-neuf morts. Le roi en réchappe alors qu'il se rend à la Bastille. Attentat perpétré par un Corse du village de Murato, Giuseppe Fieschi et sa « machine infernale » assez particulière (voir « Murato » dans cet Atlas pour plus de précisions). Il semble avoir agi dans le cadre d’une conspiration de républicains parisiens. 

1839 / Prosper Mérimée en Corse

L’écrivain, historien et archéologue Prosper Mérimée (1803-1870) est missionné en Corse, d’août à octobre, comme Inspecteur général des Monuments Historiques.

Il quitte l’Île à regret après son inspection et écrit à son ami Morati qu’il est impressionné par « l’excès de moralité des femmes corses qui désole le voyageur » … Eh oui, en Corse et depuis toujours, ce sont Elles les « patronnes » !

Son compte-rendu est à la fois critique et bienveillant concernant les Monuments Historiques de l’Île et les Corses eux-mêmes.

D’emblée, son œuvre est très inspirée par la vie des iliens. En juillet 1840, il publie une nouvelle devenu chef-d’œuvre, « Colomba », ayant pour thème une vendetta corse authentique mais largement romancée.

 

Prosper Mérimée, par Mathilde Bonaparte. Domaine Public.

 

1841 / 22 mars / Première loi encadrant le travail des enfants en France

Sous Louis-Philippe 1er, roi des Français. L'article 2 est ainsi rédigé (édifiant) :

« Les enfants devront, pour être admis, avoir au moins huit ans.

De huit à douze ans, ils ne pourront être employés au travail effectif plus de huit heures sur vingt-quatre, divisées par un repos.

De douze à seize ans, ils ne pourront être employés au travail effectif plus de douze heures sur vingt-quatre, divisées par des repos.

Ce travail ne pourra avoir lieu que de cinq heures du matin à neuf heures du soir. »

 

1842 / 13 juillet / Mort de Ferdinand-Philippe d'Orléans, fils ainé de Louis-Philippe 1er

La Corse perd alors un de ses sincères défenseurs, décédé à 31 ans lors d’un accident de calèche le 13 juillet 1842 (ses chevaux se sont emballés) ! Il prend la mesure de l’état misérable de la Corse lors d’un voyage officiel en 1835 et déclare qu’il se dit prêt à réparer « les torts des précédents gouvernements ». Sa mémoire sera célébrée de nombreuses années par la suite en Corse lors d’un évènement, la « Fête de la Reconnaissance ».

 

1844 / Hauts-fourneaux de Toga (Bastia)

Tentative d’industrialisation pérenne de l’Île avec la construction de hauts-fourneaux à Toga, près de Bastia.

 

1848 / 22 février / Révolution de février

Révolution de février qui chasse le roi Louis-Philippe Ier du trône de France. Proclamation de la Deuxième République. C’est la troisième et dernière révolution en France.

1850 / 26 août / Mort de Louis-Philippe 1er

Décédé à l’âge de 76 ans en exil en Grande-Bretagne. La vie de ce monarque ayant aidé la Corse à s’ouvrir à la modernité ne fut pas sans heurts (son fils ainé Ferdinand-Philippe d'Orléans y contribua également).

 

Louis-Philippe 1er (1842), le seul roi de France à avoir été photographié.

Domaine Public.

 

Élevé « à la dure » et sportif par obligation, d’une éducation ouverte aux idées de Voltaire et de Rousseau et formé à la menuiserie, son existence consista dans sa jeunesse en une errance désargentée et prolongée sous de faux noms. À travers l’Europe, les Etats-Unis d’Amérique, Cuba, la Grande-Bretagne et la Sicile en évitant les révolutionnaires, les bonapartistes et même les partisans des Bourbons, l’autre branche de sa famille royale. Errance qui l’amena à l’âge de 22 ans jusqu’au Cap Nord norvégien. Il fut le premier français, avec son ami le comte de Montjoye, à l’atteindre par voie terrestre ! Fierté qu’il conservera toute sa vie durant.