2B - Corbara

 

Corbara, fondée par le prince Guido de Sabellis au début du IXe siècle était autrefois la capitale de la Balagne. Son architecture est d’inspiration mauresque. Proche d’Ile-Rousse, c’est l’un des plus vieux villages de la région. Il surplombe la Méditerranée et est dominé par le mont Sant’Angelo.

Le bourg est classé « site patrimonial remarquable » et possède onze édifices religieux. Ce classement lui impose un cahier des charges strict. Les couleurs des volets, les revêtements et les menuiseries sont encadrées par un règlement élaboré avec le concours de l’Architecte des Bâtiments de France. Un spectacle son et lumière met en valeur ses pépites architecturales.

Corbara est indéfectiblement lié à la figure de Marthe Franceschini. Son histoire personnelle est originale, mystérieuse et unique. L’une des plus marquante de l’Île. La voici.

En 1763, alors qu’elle n’est qu’une enfant (née le 25 avril 1756), elle est enlevée par des pirates marocains avec ses parents Jacques-Marie Franceschini et son épouse Silvia Monchi. Séparés d’eux, elle est faite esclave et enfermée dans le harem du sultan Sidi Mohammed ben Abdallah dans lequel règne la terrible Aïcha.

Pour survivre, Marthe doit apprendre la danse orientale et maîtriser son art afin de séduire le sultan. Iblis, un mauvais génie, guette dans l’ombre pour l’en empêcher, en vain.

Puisant dans ses racines corses pour surmonter toutes les difficultés, Marthe devient la sultane « Dawiyà » ou Davia (la Lumineuse) et la « plus belle rose du harem ».

Ses parents sont libérés et reviennent en Corse. Son père veut retourner au Maroc pour libérer sa fille et demande l’aide de Pascal Paoli qui lui conseille de « laisser sa fille suivre sa destinée ». Jacques-Marie arme tout de même un navire mais meurt au Maroc de la peste, à Salé.

En 1786, Marthe devient la femme légitime du sultan et première sultane, malgré les jalousies internes dangereuses. Elle obtient la licence de droit coranique, fait unique à l’époque pour une femme, et le sultan la charge de certains échanges diplomatiques avec les cours européennes. Marthe a ainsi une relation épistolaire importante avec la reine d’Espagne et influence le sultan pour qu’il se rapproche de Napoléon Bonaparte.

 

 

« À Casa di i Turchi » (déc. 2023). Photo © François Fiette.

 

 

Puis elle le sollicite afin qu’elle puisse revoir sa famille, ce qu’il accepte. Sa mère est alors contactée par des envoyés du sultan à Corbara qui lui signifient que sa fille lui demande de la rejoindre au Maroc avec l’ensemble de sa fratrie. Louis XVI lui-même charge alors le Vicomte Dubarin de Pélivier, Consul de France à Tanger, de délivrer les passeports nécessaires au voyage de la famille Franceschini ! Ils s’installent dans la ville de LARACHE où Davia s’est retirée après le décès du sultan, son époux. Elle y meurt en 1799. Elle a eu une fille, morte avant ses dix ans.

Son frère, Vincent Franceschini, devint Consul de France à Mogador et se fit construire une demeure à Corbara près de l’église, « À Casa di i Turchi ».