XVIIe / 1636 / Bastia – Église Saint-Jean-Baptiste

 

Église Saint-Jean-Baptiste, Bastia (déc. 2020). Photos © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 10 m. 

42.696886, 9.450334 ou 42°41'48.8"N 9°27'01.2"E

Adresse : 4, Rue Cardinal Viale Prelà, 20200 Bastia. Inscrit/Classé Monument Historique : Oui.

 

Le site

Voir en supra, si besoin, « Le stationnement à Bastia ».

Le parking de la Place du Marché s’impose (payant). Les motos pourront se garer dans ce parking ou en surface, des places leurs sont dédiées. En voiture, vous pouvez stationner autour de la Place Saint-Nicolas, vous ne serez qu’à huit minutes à pied.

 

Bastia - Passage piéton « Carrughju di I SBIRRI » (mai 2021). Photo © François Fiette.

 

La Place du Marché, presque carrée, est l’une des plus agréables de Bastia. Elle a su garder cette ambiance « village » que nous aimons tous avec ses bars, ses restaurants et ses secteurs ombragés. C’était autrefois un verger, et elle était envisagée circulaire comme certaines places de Palerme au début des travaux.

Les dalles de schiste accueillent chaque semaine un marché, semblant être protégé par les maisons à persiennes qui l’entourent. Elles datent du XVIIe siècle.

Pour quitter la place, suivre les rues en sens unique qui vous permettrons de retrouver la Place Saint-Nicolas au nord ou de vous rapprocher du Vieux-Port au sud.

Une autre méthode pour rejoindre le Vieux-Port, tout proche, est d’emprunter les ruelles qui y mènent. L’une d’entre-elles est amusante, la rue Spinola, « Carrughju di i Sbirri » (rue des garnements en langue corse). Elle vous fera traverser un restaurant !

Cette place est le siège de l’ancien Hôtel de Ville. Elle était antérieurement nommée « Place du Théâtre ». En effet, en 1768 la Corse rejoint le royaume de France de Louis XV et est alors gouvernée par le comte de Marbeuf qui fait construire en 1772, à ses frais, un théâtre en bois au milieu de cette place. C’est le premier théâtre important de l’île. Les Bastiais en raffolent. On y donne alors « La Locanda » de Paisello ou encore « Le Gelosie Fortunate » d’Anfonssi. 250 spectateurs sont présents à chaque représentation !

Déjà capitale des pouvoirs administratifs et religieux, Bastia devient capitale culturelle de la Corse. Ce théâtre est ravagé par un incendie en 1876. La Place du Marché actuelle en reprend l’emplacement.

Jadis, les jardiniers de Bastia jonchaient la place de branches de myrte le jour de la Sainte Zita, leur Patronne. Ces branches provenaient du village de Furiani, proche de la ville.

« La Naïade » en marbre blanc, œuvre récente du sculpteur corse Pierre Pardon, embellie la fontaine de la Place du Marché.

Une précision : L’entrée de l’église s’effectue par un accès à l’est, côté Place du Marché, et non par le fronton.

 

Un peu d’histoire

Cette magnifique église, classée Monument Historique depuis l’an 2000, se situe entre la Place du Marché et le Vieux-Port. C’est la plus vaste de Corse avec une hauteur sous voûte d’environ 25 mètres. Église baroque édifiée entre 1636 et 1666, elle remplace une trop exiguë chapelle. Son décor originel était plus baroque que celui qui nous est donné d’admirer aujourd’hui. Il a été rénové au XVIIIème et aménagé au XIXème siècle.

Le clocher de gauche est construit en 1810 par Tomaso Quadri, un maître-maçon suisse. Un tableau de Frédéric Bourgeois de Mercey (1805-1860), daté de 1839, représente l’église flanquée d’un seul clocher (musée de Bastia). Le deuxième clocher est bâti en 1864, ainsi que le fronton triangulaire sommital.

C’est l’architecte bastiais Paul-Augustin Viale, formé à Rome, qui reprend et termine la façade de l’église, celle que nous pouvons admirer de nos jours.

L’intérieur, de dimensions imposantes, est somptueusement décoré. Le chœur est profond. De nombreuses œuvres d’art y sont exposées tel le tabernacle en argent du maître-autel, martelé et ciselé au XIXe siècle par l’orfèvre de Sienne Gaetano Macchi. Le maître-autel lui-même est particulièrement beau. Il date de 1690. Les tableaux du XVIIIe siècle viennent principalement de legs du Cardinal Fesch (oncle de Napoléon 1er). La chaire à prêcher du XVIIIe siècle en marbre polychrome est l’une des plus belles de Corse.

Un orgue magnifique occupe son imposante tribune en nid d’hirondelle datée de 1742, réalisée par le maître-menuisier bastais Giovan Battista Terrigo.

La voûte et l’intérieur de l’église sont restaurés au XIXe siècle. Les peintures du ciel de voûte sont alors reprises par deux peintres de Florence. Le Christ de l’autel est en papier mâché, une curiosité !

Tous les 23 juin au soir, un brasier est allumé sur le Vieux-Port à la veille de la Saint-Jean. Prendre un bain alors est réputé apporter quelques bienfaits physiques… À tenter !

Certains fidèles tenaient à être enterrés au sein même des églises. Ils espéraient ainsi ressusciter dans un lieu « saint » et éviter d’éventuels problèmes dans l’autre monde. Par mesure d’hygiène, cette pratique fut interdite par les autorités. Pour contourner la Loi, les défunts étaient officiellement enterrés dans la journée en en lieu acceptable puis nuitamment et en catimini, avec l’accord du clergé, ensevelis sous les dalles des édifices religieux. Le Comte de Marbeuf lui-même, gouverneur de l’île de Corse, eu recourt à ce stratagème. Sa dépouille fut disposée dans un tombeau sous la balustrade du Maître-Autel de cette magnifique église Saint-Jean-Baptiste ! … Tombeau qui fut détruit par les participants à une émeute en novembre 1789.

Vue du port de Bastia, par Frederic Bourgeois de Mercey, 1839 (musée de Bastia). Photo © François Fiette.

Église Saint-Jean-Baptiste, Bastia (juillet 2021). Photo © François Fiette.