2B – Île-Rousse

 

L’Île-Rousse est le port principal de la Balagne. La cité doit son nom aux ilots de roches rouges reliées de nos jours à la côte par une digue. C’est une ville toujours active et une destination de villégiature recherchée. La Place Paoli, ombragée, regroupe nombre de commerces de bars et de restaurants. Le climat de l’Île-Rousse est particulièrement doux. Sa plage est directement accessible à partir du centre-ville et est longée par le discret « Trinichellu », train typique des Chemins de Fer de la Corse, à photographier sans compter.

La citée a été fondée stratégiquement en 1758 sur ordre de Pascal Paoli pour contrer l’influence de Calvi et d’Algajola restées fidèles à Gênes. Auparavant, la cité a subi les attaques barbaresques, les pillages et l’esclavage de masse. Les habitants ont quitté les côtes afin de s’éloigner du danger, puis sont revenus sur leurs terres les siècles suivants.

On ne peut dissocier l’histoire de la ville de l’histoire de son port. En voici un bref survol.

En 1762, Pascal Paoli charge l’abbé Salvini de travailler à l’aménagement du port de l’Île-Rousse à partir d’un petit môle de vingt-sept mètres de large. Salvini a également en charge la perception de la Gabelle (une lourde taxe sur le sel) qui apporte d’importants revenus au gouvernement corse d’alors.

Lors de l’annexion française, un corps de garde est installé sur le môle.

Dès 1807, L’Île-Rousse commerce avec Marseille et l’Italie. La largeur du môle est alors doublée et est maçonnée. Ce sont les réels débuts du port de la ville et pour ainsi dire, de la ville elle-même. Mais les bateaux doivent attendre au large pour pouvoir accoster dans ce petit port exposé aux vents. Ils préfèrent alors se rendre à Calvi ou Saint-Florent, ce qui est préjudiciable au commerce local.

En 1839, les Ponts et Chaussée dressent des plans pour une jetée plus importante et coûteuse qui est réalisée de 1840 à 1849. Durant l’hiver 1850, une tempête la détruit ainsi que les bateaux qu’elle protège ! Tout est reconstruit en 1855. Le mouillage est alors sûr mais ne peut contenir qu’une dizaine d’embarcations. La jetée est prolongée en 1861 pour en accepter plus. D’autres travaux interviennent afin de se protéger définitivement des tempêtes ravageuses de la côte ouest de la Corse (pense-t-on alors…).

Île-Rousse vue de la tour de la Pietra. Photo © François Fiette.

En 1869, l’entrepreneur en charge des travaux fait faillite et un tailleur de pierre meurt écrasé sur le chantier à l’âge de 45 ans. Les travaux reprennent jusqu’à l’établissement d’une jetée de 187 mètres. Le feu du bout de l’ouvrage est allumé pour la première fois en 1858. Nombreux sont les bateaux de pêcheurs au XIXe siècle dans la rade du port. Beaucoup de familles vivent des ressources de la mer.

Une route est ensuite construite sur des enrochements artificiels afin de relier les îles au littoral. Les Génois l’avaient déjà fait au XVIe siècle avec des ponts de bois. Cette nouvelle voie est inaugurée en 1904. D’autres projets d’agrandissements ultérieurs du port ne sont pas retenus. Il faut préciser qu’il est alors déjà difficile d’entretenir les structures car les tempêtes les attaquent sans pitié. En 1901, une brèche de plus de cinquante mètres est ouverte sur la jetée par la mer déchaînée, totalement rebouchée en 1904.

Et la plage de la gare me demanderez-vous ? Elle s’est formée avec les ressacs dus à ces récentes constructions. Elle n’existait pas auparavant.

En 1932, une taxe de péage est instituée par la mairie de L’Île-Rousse.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, les Américains enrochent le port de façon à faciliter le débarquement de matériel militaire. La plupart des bateaux de commerce ne pourront alors plus accoster durant de nombreuses années. Seuls quelques-uns y parviendront afin de maintenir des liaisons maritimes continues, passagers et marchandises.

En 1955, les ferries commencent à sillonner la méditerranée. Mais le port d’Île-Rousse n’est pas équipé pour les recevoir. Des décisions politiques permettent de changer les choses en 1972. En 1974, un nouveau quai commence à accueillir les ferries. L’agencement routier interne de la ville est alors réagencé afin de soutenir le trafic des voitures et camions, bien plus important qu’avant. En 1979, la route de la digue est élargie pour atteindre les dimensions que nous lui connaissons aujourd’hui.

L’infrastructure hôtelière et commerciale se métamorphose ensuite rapidement, tout en conservant taille humaine et art de vivre. L’arrivée des ferries crée une véritable bouffée d’air pour la ville et ses environs qui, depuis, n’ont cessé d’en profiter en s’y adaptant avec intelligence.

L’Île-Rousse est désormais une des villes les plus agréables de Corse.