Conflits mondiaux
Conflits militaires et politiques majeurs au XXe siècle. Un lourd tribut est payé par les Corses lors de la Première Guerre Mondiale. L’Île est le premier territoire Français à être libéré lors de la Deuxième Guerre Mondiale grâce au soulèvement de ses habitants, de ses Résistants héroïques, et aux combats féroces menés par une tête de pont de l’Armée française libre avec dans ses rangs les Tabors Marocains. Puis les guerres coloniales siphonnent la jeunesse corse en l’enrôlant. Les affrontements politiques sont très vifs entre droite, gauche et nationalistes. Le tourisme fait principalement vivre l’Île.
1900 / Première voiture à moteur à explosion sur les routes de Corse !
La population de la Corse dépasse les trois-cent-mille habitants (de nos jours, cinquante-mille de plus seulement).
Première agence automobile (Peugeot) à Bastia. La « vraie vie » commence pour les conducteurs d’engins en tous genres …
1901 / 14 avril / Première liaison de télégraphie sans fil entre la Corse et le Continent
Réalisée entre Calvi et Antibes (170 km à vol d’oiseau). Expérience gérée par Guglielmo Marconi en personne, le premier à transmettre par télégraphie sans fil en 1895 ! Le mât de l’antenne de Calvi, dressé pour l’occasion près de la chapelle de Notre-Dame du Loretu, mesure 53 m de haut. À Antibes, une plaque commémorative est apposée sur une maison située à l’embouchure de la rivière Brague à l’emplacement des installations. En décembre de la même année, Marconi réussit une liaison entre le Canada et l’Angleterre (3400 km).
1902 / Diphtérie, variole et typhoïde à Bastia
L’insalubrité des immeubles, le manque d’hygiène, l’ignorance et l’inertie de la population favorisent les épidémies de ces maladies. Les préjugés invincibles, la méfiance envers la médecine ainsi que l’inefficace et avare prophylaxie des pouvoirs publics sont autant de facteurs de propagation. Elles sévissent dans les quartiers populaires défavorisés de Bastia. Une forte mortalité s’ensuit. Le docteur Pascal Zuccarelli et ses collègues tentent d’y faire face mais ils se heurtent à l’indifférence des services municipaux. Durant plusieurs années, Bastia est la ville de France la plus impactée.
1905 / Séparation de l’Église et de l’État
Période très mal vécue en Corse. La résistance est parfois armée. On barricade les églises, la foule hurle au sacrilège. Le calme revient en 1906.
1905 / Théorie de la Relativité
Albert Einstein établit la théorie de la relativité restreinte, fondant ainsi la notion d'espace-temps et établissant un lien entre l'énergie et la masse.
1908 / Rapport de Georges Clémenceau
Soulignant le dénuement de la Corse. En Plaine Orientale, l’espérance de vie ne dépasse pas 23 ans ! Seul le nombre d’Instituteurs est très correct dans l’île.
« La pauvreté du pays est extrême. Rien de comparable. Ni la Bretagne, ni les Hautes-Alpes, ni peut-être aucun pays d’Europe ne peuvent donner une idée de la misère et du dénuement actuel de la Corse ». Rapport Clémenceau, Journal Officiel.
1909 / Naissance à Ajaccio de Danielle Casanova
Grande Résistante corse durant la 2ème Guerre Mondiale. Sa brève biographie est insérée dans cet ouvrage, rattachée à la visite de sa maison natale à Ajaccio : « XXe / 1909 / Ajaccio – Maison natale de Danielle Casanova – Résistante ».
1912 / Nuit du 14 au 15 avril / Naufrage du Titanic
1520 morts.
1914 – 1918 / Première Guerre Mondiale
Conflit mondial impliquant d’un côté la France, le Royaume Uni, la Russie, puis la Belgique, le Japon, l’Italie, la Roumanie et les USA et de l’autre côté les empires centraux que sont l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et leurs colonies. L'empire ottoman les rejoint fin 1914, suivi un an plus tard par la Bulgarie.
Plus de 11000 morts parmi les soldats Corses… 9751 selon le décompte officiel. Soit ± 3,80 % de la population de l’île qui était d’environ 280000 âmes (aujourd’hui 355000), ce qui est un peu plus que la moyenne nationale (3,53 %). Certains historiens évoquent 16000 morts. Même les pères de famille nombreuses sont mobilisés. Une horreur qui bouleverse profondément la société corse. Données : http://www.centre-robert-schuman.org/
Au sortir de la Grande Guerre, l’économie de l’île est exsangue et dépend entièrement du continent. Les grands chantiers sont à reprendre (routes, chemin de fer…) et la Plaine Orientale reste toujours à assainir.
1918 / Grippe espagnole en Corse
Maladie qui fait 6000 morts en Corse ! Soit plus de la moitié du nombre des valeureux combattants corses morts lors de la Première Guerre Mondiale. Les troupes américaines l’ont apportée avec elles.
1921 / Les chemins de fer corses sont modernisés confortablement
Dix-huit wagons neufs à baies vitrées et suspensions revues sont mis sur les rails.
1921 / Avril / Premier Grand-Prix automobile corse
Il se déroule entre Casamozza, Corte et Aléria et est organisé par l’Automobile-Club de la Corse.
1921 / 18 octobre / Première liaison aérienne
Entre Antibes et Ajaccio, effectué par la Compagnie « Lioré et Olivier » grâce au vol de l'hydravion « Donnett DD 26 ». Pas d’habitacle pour les voyageurs qui doivent s’équiper d’un casque, de lunettes et d’habits chauds !
1928 / Nouvel hôpital de Bastia
La première pierre de l’hospice de Bastia a été posée par le princesse Eugénie (épouse de Napoléon III) en 1869, sans lendemain car la défaite de Sedan coupe l’élan. Celle de l’hôpital du quartier de Toga est posée le 16 novembre 1924 par Émile Sari alors maire de la cité. L’établissement, entièrement financé par le PMU national, est inauguré en 1928. Il remplace des locaux provisoires et insalubres.
1931 / Le banditisme insulaire est enfin traqué
De façon militaire (navires, automitrailleuses, plusieurs centaines d’hommes en arme), le banditisme endémique est pourchassé et stoppé. Il s’agit d’interpeller des brutes sanguinaires et occasionnellement, de simples hères. La répression s’exerce lourdement et s’étend à ceux susceptibles de les avoir aidés. André Spada, le principal malfaiteur, est exécuté à Bastia en 1935.
1932 / Première liaison téléphonique entre le continent et la Corse
En utilisant le relais « Téléphonie Sans Fil » d’Ajaccio.
1934 / Les Corses dans l’administration française
Il y a 250.000 Corses fonctionnaires d’état dans l’administration française. Soit le même nombre que d’iliens résidants !
1936-1939 / Front Populaire. L’antifascisme s’organise en Corse
La coalition des partis du gauche du Front Populaire gouverne la France de 1936 à 1938. D’importantes manifestations et actions syndicales sont menées à travers l’Île. Les manifestants en décembre 1938 à Bastia jurent « de vivre et de mourir Français ». Cela n’empêchera pas la Corse de fournir trois ministres au gouvernement de Vichy : Abel Bonnard, François Pietri et Jérôme Carcopino. Camps de « gauche » et de « droite radicale » s’affrontent directement en Corse. L’autonomisme s’organise en force politique. Sans parti formel, ce mouvement possède sa revue en langue corse « À Muvra » (le mouflon) et acquiert une influence idéologique certaine. Cette revue disparait à la veille de la Deuxième Guerre Mondiale.
Les premiers congés payés de 1936 marquent le début du tourisme de masse en Corse. Il remplace économiquement le tourisme élitiste de la fin du XIXème siècle.
1939 à 1945 / Deuxième Guerre Mondiale
Celle-ci fera quarante millions de morts (dont plus de vingt millions de Russes, civils et militaires) …
Cette guerre est totale, une nouvelle fois, et planétaire. Toutes les ressources humaines, scientifiques, techniques et économiques des pays belligérants sont engagées… Jusqu’à deux bombes atomiques lancées sur le Japon.
La victoire des Alliés et la capitulation des forces de l'Axe a lieu en 1945.
Mussolini entre en guerre contre la France le 10 juin 1940 alors qu’elle est déjà vaincue. Guerre de courte durée car un armistice est signé deux semaines après entre la France et l’Italie, le 22 juin 1940. Mussolini a pour intention d’annexer la Corse (et d’autres territoires de France). Hitler lui interdit… pour le moment, par suite des accords de collaboration passés avec le maréchal Pétain et le gouvernent de Vichy. Les troupes allemandes et italiennes placent la Corse sous contrôle, elle qui est pourtant en « zone libre ». Ratio : Un soldat allemand ou italien pour deux habitants sur le sol de Corse ! Un puissant mouvement antifasciste et antinazi nait en Corse dès le début. La propagande italienne est intense pour convaincre les Corses de rejoindre l’Italie. Une radio émet d’Italie en direction de la Corse, sans résultat.
La Résistance s’organise et se structure rapidement (jusqu’à 12000 hommes armés fin 1943). Une large majorité de Corses approuve ses actions : « Nous voulons rester Français ». Des centaines de Corses sont déportés à l’Île d’Elbe et en Autriche.
Des Résistants héroïques (souvent communistes, mais pas seulement) se dressent contre les envahisseurs, ne misant pas tout sur un hypothétique débarquement libérateur, tels que Danielle Casanova (morte en déportation), Fred Scamaroni (arrêté, il se suicide pour ne pas risquer de parler sous la torture), l’instituteur Jean Nicoli (décapité sur ordres de généraux italiens qui savaient pourtant que l’Italie allait capituler), Charles Tomasini, Guy Vernuge, Martin Sorba, Jean-Paul Pandolfi, Jean-Donat Leandri, Léo Micheli et beaucoup d’autres. Leur engagement est dû, pour la plupart, à leur refus du rattachement de la Corse à l’Italie fasciste.
1942 / 14 décembre / Soutien à la résistance corse par le sous-marin « Casabianca ».
Première mission de soutien à la Résistance corse effectuée de nuit par le sous-marin « Casabianca ». Débarquement furtif d’hommes et de matériel dans l’anse de Topiti à proximité de Cargèse, à destination des réseaux de la Résistance contre les troupes d’occupation germano-italiennes.
1943 / 2 juillet / Le sous-marin « Casabianca » se positionne face à la plage de Saleccia.
Il y débarque treize tonnes de matériel et d’armes confiées à la Résistance corse. Son kiosque (réplique) est exposé en périphérie de la Place Saint-Nicolas à Bastia.
Goumiers et leurs officiers défilant à Paris le 14 juillet 1945. Film d'actualités du Défilé de juillet 1945 (INA). Auteur inconnu.
Domaine public. Wikimedia Commons.
1943 / Septembre – Octobre / Libération de la Corse
Libération de la Corse du joug italo-allemand lors de la 2ème Guerre Mondiale. Premier département à être libéré par les soldats Français (une Division de soldats) et par les Corses eux-mêmes. L’armée italienne passe du côté des alliés, après la proclamation d’un armistice entre l’Italie et les forces anglo-américaines le 8 septembre 1943. Les troupes allemandes (30.000 hommes) sont repoussées. Ajaccio, première ville de France à être libérée le 9 septembre 1943 est suivie par Bastia le 4 octobre. Les combats y sont sanglants.
Les Goumiers marocains de l’Armée d’Afrique de la France Libre s’illustrent, entre autres, aux cols de San Stephano et Teghime (au-dessus de Bastia) en repoussant vaillamment les troupes allemandes. Un cimetière à Saint-Florent et des monuments aux deux cols leurs sont dédiés (tous cités dans cet ouvrage).
Mais les Allemands se battent avec acharnement. La libération de Bastia est au prix de bombardements alliés sur la ville, dont une « erreur » de l’aviation américaine commise le 4 octobre qui dévaste la moitié de la ville.
Le 5 octobre 1943, la Corse est officiellement déclarée libérée. De Gaulle prononce deux discours à contenu politique, à Ajaccio et à Bastia. Sept « collabos » sont jugés et exécutés sur vingt-deux condamnations à mort en tout. Le 23 octobre dans son rapport, l’amiral Battet, commandant des forces navales en Corse, écrit que faute de moyens importants « l’île reste à la merci d’un coup de main » de l’ennemi.
La vie quotidienne devient très difficile avec une inflation constante et des produits vitaux introuvables, fournis aléatoirement par une agriculture devenue anémique. La politique traditionnelle reprend ses droits. La Corse deviendra majoritairement gaulliste par la suite après avoir connu une brève mais intense montée du communisme.
1943 / Décembre / La Corse devient « l’USS Corsica »
L’île devient une sorte de porte-avion terrestre pour l’aviation américaine qui peut ainsi rapidement envoyer ses bombardiers sur l’Italie et l’Allemagne.
1944 / 21 avril / Les Françaises obtiennent le droit de vote
Le général de Gaulle octroie le droit de vote aux femmes françaises (et celui d’être éligible), dans le cadre du gouvernement provisoire d'Alger. Elles voteront pour la première fois le 29 avril 1945. Les hommes connaissent le suffrage universel depuis 1848.
1944 / L'armée américaine éradique le paludisme endémique en Corse
L'armée américaine éradique le paludisme en Corse par épandage de DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) qui tue les moustiques. Les Américains, avec leurs moyens et leur détermination, sont les seuls à y être enfin parvenus.
1945-1956 / Exode et situation économique catastrophique
▪ Le niveau de vie moyen en Corse est 70 % inférieur à celui de la France dans son ensemble ! L’exode est massif. L’Île de Beauté ne compte plus que 160.000 résidents. Le gouvernement réagit par des plans d’actions ciblés sur l’agriculture et le tourisme. Malgré l’instabilité du pouvoir central, le redressement économique est patent dans tous les territoires de France, gommant ainsi la mollesse de la IIIème République en ce domaine. L’aide considérable des U.S.A à travers le plan Marshall se répand à travers l’Europe afin d’y éviter une lourde crise économique et parallèlement d’en éloigner le bloc soviétique.
▪ Le journal « Nice-Matin Corse » voit le jour. Les fouilles archéologiques romaines du site d’Aléria sont lancées sous l’autorité de Jean Jehasse.
▪ Durant le IVème République sont créées les Allocations Familiales et la Sécurité Sociale.
▪ La reine Elisabeth II visite l’île en 1956.
1956 / Premier Tour de Corse Automobile
Surnommé « le Rallye aux Dix Mille Virages ». Créé en 1956 par le docteur Jean Sermonard, chirurgien installé à Ajaccio. La première édition, regroupant 65 voitures, voit la victoire d'un équipage féminin (Gilberte Thirion – Nadège Ferrier) sur une Renault Dauphine.
1956 – Gilberte Thirion, photographe inconnu.
Domaine Public.
Renault Dauphine - Photo (2014), Thesupermat.
Licence libre Creative Commons.
1958 / Putsch d’Alger
En mai 1958, les Corses soutiennent le putsch d’Alger et invoquent le retour au pouvoir du Général de Gaulle dont l’action politique éteint légalement la IVème République.
1960 / Grève générale
La Corse est paralysée par une grève générale.
Épisode dément envisageant l’implantation sur l’Île d’un centre d’expérimentation de bombes nucléaires en sous-sol ! Le projet est abandonné après des manifestations monstres en Corse.
1962 / Arrivée des premiers « Pieds Noirs »
Ils représentent alors jusqu’à 10 % de la population. Des terres Corses leurs sont octroyées, sans véritable concertation avec les Corses résidants. L’agriculture en est modifiée. Des attentats commencent à les viser.
Le tourisme de masse intervient grandement dans l’économie de l’Île de Beauté.
1968 / Grève générale
La Corse est atteinte par les évènements de mai 1968, mais sans les émeutes caractéristiques du continent. Une longue grève générale est décrétée qui se solde dans les urnes. Deux navires de guerre sont déployés avec à leurs bords quatre cents tonnes de marchandises afin de percer le blocus économique de l’Île. La Corse reste, malgré tout, d’opinion gaulliste.