Le Grand Bastia, le Nebbio et le Cap-Corse

 

Bastia (janv. 2024). Photo © François Fiette.

Bastia (janv. 2024). Photo © François Fiette.

 

De Bastia à Barcaggio puis Saint-Florent, le Cap-Corse est une langue de terres et de montagnes qui s’étire en direction du Continent. Large d’une quinzaine de kilomètres et longue de quarante, c’est une péninsule schisteuse de 400 km² dominée par une arrête de montagnes la séparant en deux dans le sens de la longueur. Le Cap-Corse culmine à 1323 mètres (Cima di e Follicie).

Par endroits, sa géologie particulière a donnée l’amiante, roche étonnante pouvant être filée et tissée, incombustible et isolante. Son exploitation industrielle a perduré de 1935 à 1965… et son cancer a emporté nombre d’ouvriers ayant travaillé dans la mine et l’usine de Canari situées à l’ouest du Cap-Corse.

De multiples tours génoises garantissent encore les côtes, témoignant des assauts meurtriers des Sarrasins, des Maures et des Barbaresques (noms désignant des hommes venus d’Afrique du Nord) et des Ottomans (Turcs) durant les siècles passés. Ces derniers capturèrent et mirent en esclavage entre 1 000 000 et 1 250 000 Européens, dont 850 000 pour la seule période de 1580 à 1680. Les peuples musulmans refusaient l’hégémonie des Chrétiens sur la Méditerranée. La population corse en fut très impactée. Jusqu’au XIXe siècle, les côtes littorales de l’Île furent majoritairement désertées au bénéfice des villages édifiés sur les hauteurs pour tenter d’échapper aux raids ennemis.

Quelques Cap-Corsins ayant fait fortune aux Amériques au XIXe siècle ont construit ici des demeures de maîtres. Cent cinquante-sept sont recensées ! On les appelle les « Maisons des Américains ».

La route faisant le tour du Cap-Corse (D80) est jalonnée de ports de caractère. Afin de bénéficier d’une vue plongeante et dégagée, mieux vaut la suivre en faisant le tour du Cap dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. C’est-à-dire de Bastia vers Ersa en passant ensuite par les abords de Saint-Florent. 

Erbalunga a gardé en son sein sa tour génoise, Macinaggio s’ouvre largement sur la Méditerranée, Centuri a su conserver l’art de la pêche artisanale.

Nonza et sa plage de galets gris offre une vue vertigineuse à partir de sa tour. Et puis il y a le Moulin Mattei (cité dans cet ouvrage) et son histoire particulière…

Le Nebbio (sept. 2023). Photo © François Fiette.

On trouve ensuite Saint-Florent, capitale du Nebbio, qui semble être une ville construite principalement pour le nautisme avec ses 1000 anneaux et 250 places de passage ! C’est le premier port de l’île à avoir reçu le label « Port Propre » (délivré par l’Afnor en 2020). Port de plaisance majeur en Corse, Saint-Florent réserve de nombreuses places de stationnement aux deux-roues en son centre.

La vieille ville est très agréable. Elle est construite autour de sa citadelle génoise dominant la mer. Son église Sainte-Marie, datant du 13èmè siècle, est l’ancienne cathédrale du Nebbio, territoire de Haute-Corse s'étendant aux environs. Saint-Florent offre au visiteur ses ruelles et places ornées de lauriers-roses. Il fait bon vivre en cette cité proche de Bastia.

Les plages du Loto et de Saleccia dans les Agriates, en direction de la Balagne (vers l’Ouest), sont desservies en été par des bateaux-taxis. Elles ne sont accessibles qu’ainsi, qu’à pied ou en 4x4 et motos tous-terrains. Ce qui leur assure une certaine tranquillité, malgré les yachts aux pavillons internationaux venant y mouiller pour profiter… du sable de ces plages !

Le Nebbio demeure un heureux mélange de stations balnéaires et de villages ruraux.

À l’ouest du Col de Teghime, le village de Patrimonio avec ses vignobles vous proposera la dégustation de ses crus renommés. Une bière bio y est également produite, brassée et mise en bouteille sur place.

Poursuivant votre chemin, comme Prosper Mérimée en 1839 lors d’un voyage d’inspection de la Corse, vous serez saisi par la beauté particulière de l’Église Saint-Michel de Murato (XIIe siècle). Il la considérait comme « la plus élégante et la plus jolie qu’il ait vu en Corse ».

Bastia, seconde ville de Corse, fut fondé par les Génois au 15ème siècle. Ils occupèrent la Corse plusieurs siècles. Le cœur de ville englobe la citadelle, le quartier Saint-Antoine, le Vieux-Port et la Place Saint Nicolas. Les quartiers du sud sont plus récents mais vibrent à l’unisson de l’ensemble de la cité.

Partout les ruelles, les chemins et les petites places rappellent la riche histoire de Bastia. Les remparts de la citadelle, érigés au 16ème et 17ème siècle, font immédiatement face à la mer et à la montagne environnante.

La Place Saint-Nicolas a été réalisée à partir d’un terrain vague et des méandres d’un petit fleuve, le Fango.

Elle est devenue l’une des plus vaste de France, à la grande joie des enfants qui sont les maîtres des lieux. Bastia est une ville magnifique et attachante qui a su cultiver cette élégance faisant d’elle la capitale incontestée de la Haute-Corse. C’était à la fin du 19ème siècle une ville industrielle importante avec, entre autres, les forges de Toga qui employaient plus de 400 personnes.

Saint-Florent (nov. 2020). Photo © François Fiette.

Aube sur la mer à Bastia et ile de Monte-Cristo au loin (janv. 2021, couleurs naturelles). Photo © François Fiette.

Au sud de la ville, le Lido de la Marana et ses plages de sable blanc bordent la mer et l’étang de Biguglia, dit de « Chiurlinu ». C’est une réserve naturelle permettant d’observer des centaines de flamants-roses lors de leur migration.

Des fouilles archéologiques directement visibles de la route D107 jouxtent la Cathédrale romane de la Canonica. Le Musée archéologique de Mariana (Prince Régnier III de Monaco), sur la commune de Lucciana, est situé à quelques centaines de mètres de celle-ci. Il a pour mission la conservation du patrimoine archéologique de la cité antique de Mariana.

En allant vers le sud, le Parc Galea situé à Taglio Isolaccio est distant d’une vingtaine de kilomètres de Bastia. Laissons-le se présenter lui-même : « Alliance originale de musées, de jardins et de pavillons d’exposition, mêlant littéralement nature, culture et rencontres humaines … C'est aussi l'un des espaces de conférences les plus dynamiques et fréquentés de France, avec son cycle de rencontres annuelles données par les plus grandes personnalités de la culture, de l'histoire et des sciences ». 

Visitez-le, vous ne le regretterez pas ! Le parc et son équipe accueillent 70.000 personnes par an et une cinquantaine de conférences y sont organisées. Le patrimoine naturel et culturel de la Corse est mis à l’honneur à Galea. Aucun problème pour s’y rendre et se garer grâce à son parking gratuit. Pique-nique possible, musée climatisé, terrasses ombragées, ateliers pour les enfants et parc paysagé. Un régal d’un genre nouveau. Adresse : Parc Galea, lieu-dit maghese, 20230 Taglio-Isolaccio. Coordonnées GPS : 42.433515, 9.525547 ou 42°26'00.7"N 9°31'32.0"E.

Bastia, Marché - (2023) – Aquarelle de Jean-Marc Durastanti ©.