XIXe / Calenzana – Les mines et le lac de l’Argentella & le pavillon du prince Pierre-Napoléon Bonaparte
Calenzana - Les mines et le lac de l’Argentella (mars 2023). Photo © François Fiette.
Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 35 m.
42.463704, 8.684663 ou 42°27'49.3"N 8°41'04.8"E
Adresse : Mines de l’Argentella, Calenzana. Inscrit/Classé Monument Historique : Non.
Le site
Le site se trouve à vingt-trois kilomètres de Calvi et quatorze de Galéria. Il longe la D81B qui relie Calvi à Galéria par la côte et est à dix minutes de marche du camping « La Morsetta ». Pour s’y rendre, il faut emprunter un chemin de terre, face au camping et au restaurant.
Le stationnement est possible devant l’entrée du camping et à proximité du pont sur la D81B, près de la piste nommée « Novella ». Celle-ci vous mènera en dix minutes à pied directement à la retenue d’eau de l’Argentella, en surplombant légèrement les anciennes installations. Il est préférable d’emprunter cette piste que de se diriger vers les ruines des bâtiments qui n’ont que peu d’intérêt désormais. Ci-dessous, les coordonnées GPS et le QR Code de localisation de la retenue d’eau.
En contre-bas, une des plus belles plages de galet de Corse est située non loin de l’hôtel « Marina d’Argentella ».
Un peu plus loin sur la D81B, à 2,5 km, vous pourrez découvrir la maison de chasse datant du XIXe siècle du Prince Pierre-Napoléon Bonaparte, construite sur les vestiges de la tour génoise « Torre Mozza ». Les ruines de cette maison sont très accessibles par une courte piste située face au bar-restaurant « Le Prince Pierre ». Ci-dessous les coordonnées GPS et le QR Code qui vous y mèneront directement si vous désirez prolonger la visite des environs.
GPS de la retenue d’eau : 42.461482, 8.685157 ou 42°27'41.3"N 8°41'06.6"E.
Les mines sont totalement en ruine et se situent à environ quarante minutes de marche à partir du site des bâtiments principaux (ruinés également). Les visiter est dangereux. Les anciens édifices et le lac peuvent être prétexte à une balade dans un maquis accueillant et une végétation basse ombragée, mais ne vous aventurez pas parmi les vieilles pierres. Vous êtes ici entièrement responsable de votre sécurité… En revanche, de belles photos sont possibles. Le site est « dans son jus », presque sauvage. En quelques minutes, vous changez d’environnement et d’ambiance. Peu de monde ici, même en été.
Pourquoi cet ancien site industriel figure-t-il dans cet ouvrage ? Nous allons le voir dans le l’historique qui suit.
Calenzana – Les mines et le lac de l’Argentella (mars 2023). Photo © François Fiette.
Un peu d’histoire
C’est une ancienne mine génoise d’argent du XVIe siècle qui est le point de départ de l’exploitation de ce minerai au XIXe siècle. De 1869 à 1873, d’importants aménagements y sont réalisés. Un barrage est édifié ainsi que le port « Julia » dans la baie de Crovani, des logements, un bâtiment administratif et même un téléphérique ! Ces constructions ont pour unique but l’exploitation des mines d’argent et de galène. Il faut beaucoup d’eau pour le traitement du minerai extrait. En 1886, une compagnie anglaise « l'Argentella Mining Limited » rachète les mines pour deux ans de fonctionnement. Entre deux cents et cinq cents ouvriers y travaillent, poussant plus de cent-cinquante chariots. Les machines à vapeur crachent leurs volutent de fumées. Cent tonnes de minerai sont extraites par jour. Puis une société corse, la « Société d’Exploitation Minière de la Corse » reprend les rênes jusqu’à la fermeture du site en 1930. L’exploitation s’avère être un gouffre financier. Le gisement n’a pas été évalué correctement en amont.
Le barrage fait environ 2,5 hectares sur 20 mètres de hauteur et retient, toujours en eau, 80.000 mètres-cube provenant du ruisseau de « Chierchiu » sur une longueur de 463 mètres.
Il se situe à environ 150 mètres des bâtiments ruinés et n’est plus aux normes de sécurité depuis longtemps, avec les dangers que cela laisse supposer. Il alimente des maisons du secteur et le camping en période estivale. Deux pistes lui donnent accès en suivant les rives du ruisseau.
D’accord, mais on ne sait toujours pas pourquoi ce site fait partie de ceux qui sont sélectionnés dans cet ouvrage. Nous y venons donc, et il faut bien lire les lignes qui suivent pour y croire !
Le 14 avril 1960, le Commissariat à l’Energie Atomique (C.E.A.) effectue une visite des mines afin d’évaluer si le site de l’Argentella répond aux conditions d’essais souterrains de bombes atomiques… Rapidement le projet devient réel ! À Ajaccio, Pierre Guillaumat, ministre délégué à l’énergie atomique déclare : " La qualité des roches et le volume du massif permettent d’absorber dans des conditions réelles de sécurité, des explosions de faible importance. Aucune retombée radioactive n’est à craindre ». Le programme d’essais atomiques est présenté comme une chance pour la Corse.
La levée contre ces essais se fait en Corse tant du côté politique que du côté de la population qui se dressent unanimement. Les Corses de la « diaspora » se joignent au comité anti-essais nucléaires. Des grèves et des manifestations interviennent alors sur toute l’Île. Outre les problèmes environnementaux soulevés, en pleine guerre froide, les Corses ne veulent pas devenir une cible directe en cas de conflit entre la Russie et les USA. L’Île est à cette époque profondément gaulliste, mais ne peut supporter un tel projet.
Quelques mois plus tard, le gouvernement renonce à cette idée délirante. Peu de documents et de photos existent de cet évènement. La presse nationale en parle peu et il ne subsiste que quelques articles.
C’est finalement en Polynésie que 193 essais nucléaires sont effectués entre 1966 et 1996…
Si vous décidez d’aller visiter également le Pavillon du prince Pierre-Napoléon Bonaparte, ses ruines toutes proches, voici un rapide historique concernant.
Construit de 1852 à 1854, il fut jusqu’en 1870 la résidence de Pierre-Napoléon, neveu de Napoléon Bonaparte. Napoléon 1er s’en serait certainement bien passé… en effet, député de Corse à l’Assemblée Constituante de la Seconde République et Président du Conseil Général de Corse, il fût à plusieurs reprises impliqué dans des meurtres, et même condamné à mort, mais le Pape a opportunément commué sa peine. Turbulent militaire, Il a également connu les foudres de la Justice à Rome et aux Etats-Unis. Napoléon Bonaparte l’a, en personne, déclaré inéligible ! Pierre-Napoléon s’est éteint à Versailles en 1881.
GPS de la maison de chasse : 42.486829, 8.687153 ou 42°29'12.6"N 8°41'13.8"E.
Pavillon du prince Pierre-Napoléon Bonaparte (2013). Photo Pierre Bona, licence libre Creative Commons.