XVe / 1485 / Piedicroce – Ruines du Couvent d’Orezza

 

Piedicroce – Ruines du Couvent d’Orezza (nov. 2022). Photos © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 680 m.

42.382116, 9.365898 ou 42°22'55.6"N 9°21'57.2"E

Adresse : 20229 Piedicroce. Inscrites/Classées Monument Historique : Non (étonnamment).

 

Le site

La route qui y mène est assez large et roulante, sauf dans le bourg de Piedicroce ou un petit goulot d’étranglement vous ralentira peut-être. Le stationnement peut s’effectuer devant les ruines sur un parking engravillonné d’une surface moyenne. Une belle vue sur les environs agrémente le site.

Ce lieu figure dans cet ouvrage du fait de l’importance historique de l’ancien couvent réhaussé par la beauté de son environnement. Ce sont des ruines historiques majeures pour l’histoire de la Corse. Des panneaux explicatifs sont installés devant l’ancien couvent.

Vous pouvez vous promener aux abords des ruines, mais surtout pas à l’intérieur par mesure de sécurité. Outre le fait que ces ruines soient dangereuses en elles-mêmes, le terrain est peut-être encore miné des suites des bombardements et combats de la 2ème Guerre Mondiale !

 

Un peu d’histoire

Le couvent Saint-François dit d’Orezza a fait l’objet d’un projet de classement au titre des Monuments Historique (dossier déposé en 2012). Pour le moment, il continue inexorablement de se dégrader.

Fondé en 1485 par les Observantins puis occupé par les Franciscains, le couvent participa à l’éducation de la population locale et fut un site important dans la lutte menée contre les Génois au XVIIIe siècle.

Un congrès de théologiens s’y tint en 1731. Congrès important car il fut accepté par l’église que la révolte violente contre les Génois soit considérée comme légitime ! Or, " l’Épître de Paul aux Romains " interdisait aux Chrétiens toute insurrection contre les souverains et princes " de droit divin ". Décision qui stupéfiât les cours européennes car elle ouvrait la porte au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

En janvier 1735, le couvent fut le lieu de la Consulte qui inspirât la déclaration d’indépendance de la Corse. Certaines des dispositions de cette déclaration n'ont pas été reprises dans la Constitution de Pascal Paoli, votée vingt ans après (le peuple corse sous la protection de la Vierge, la fête de l'Immaculée Conception célébrée dans toute la Corse, par exemple).

La Consulte de 1751 permit l’élection de Jean-Pierre Gaffori comme Général de la Nation.

Pascal Paoli y séjourna en 1765 pour prendre les eaux à Orezza. En septembre 1790, une autre Consulte instituât le cadre de l’administration de l’île et lui donna les pleins pouvoirs. Il était alors rallié à la France, ce qui mit fin à l’indépendance de la Corse en présence de celui qui deviendra Napoléon Bonaparte.

En 1832, l’État engagea la vente du couvent à des particuliers.

Le couvent abritait une Gendarmerie en 1930.

En 1943 lors de la Deuxième Guerre Mondiale, le couvent fut bombardé par les Allemands puis finalement totalement ruiné par les Italiens qui en avaient fait un dépôt de munition. Ils l’ont fait sauter en septembre 1943 lorsque les Allemands s’approchaient des environs.

En effet les Italiens, après avoir signé un armistice, combattaient dès lors les Allemands lesquels étaient auparavant leurs compagnons d’arme. Comme on s’en doute, les dégâts furent immenses, voire irréversibles. C’est certainement ce qui explique que les travaux de réhabilitation n’aient pas été antérieurement décidés.

L’édifice appartient pour partie à des personnes privées, ce qui n’arrange rien juridiquement. La municipalité n’a pas les moyens de gérer un tel bâtiment. Elle est pénalement responsable si un accident survient alors qu’il lui est impossible de sécuriser les lieux privés.

Bref, la situation reste inextricable… jusqu’en 2024. En effet, L'édifice en ruine est racheté par la Collectivité de Corse pour la somme de 2 269 €. C'est le début d'une phase de travaux estimée à 4 millions d'euros. Les experts envisagent de débuter par la stabilisation de l’ouvrage…