XVIe / Petreto-Bicchisano – Ancien couvent Saint-François d'Istria

 

Petreto-Bicchisano - Ancien couvent Saint-François d'Istria (avril 2023). Photo © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 440 m. 

41.787190, 8.980644 ou 41°47'13.9"N 8°58'50.3"E

Adresse : Convento, 20140 Petreto-Bicchisano. Inscrit/Classé Monument Historique : Oui, partiellement.

 

Le site

C’est une grande propriété privée aménagée entre mer et montagne à l’intérieur de la vallée du Taravo, dans un ancien couvent franciscain du XVIIe siècle. Un havre de paix.

L’ensemble architectural domine la commune de Bicchisano qui offre une belle vue sur la vallée du Taravo. Plusieurs commerces et bars sont présents au sein de ce grand bourg.

Bien que privé, il est possible de venir admirer cet ancien couvent chargé d’histoire avec l’accord des propriétaires. Le stationnement des véhicules est possible dans le village, sur la D420, près du collège ou de l’église. Seuls les deux-roues pourront s’approcher au plus près en empruntant l’étroite voie qui y mène, nommée « Furchella ». 

 

Un peu d’histoire

Cet ancien couvent de frères franciscains du XVIIe siècle est classé Monument Historique depuis 1993. Sa construction a débuté le dimanche 12 mai 1591 sur ordre de la famille d’Istria.

Sur les lieux du futur couvent le religieux en charge du sermon, avant la pose de la première pierre, précisa que « les gentilshommes et procurateurs de la Seigneurie doivent promettre de maintenir ce lieu comme si c'était leur bien propre et donner de quoi manger, se vêtir et se chausser aux révérends frères qui y habiteront et de les défendre contre les injures et les violences ». Les premiers ecclésiastiques s’y installèrent dans les premières années 1600.

Ses hauts murs semblent inexpugnables. Il a d’ailleurs servi de refuge aux habitants de la région lors d’évènements violents (révoltes de 1611 ou 1615 par exemple). Comme tous les couvents franciscains de Corse de cette époque, il est construit en « U ».

Des « Consultes » y sont organisées lors des Révolutions corses du XVIIIe siècle. Il a hébergé temporairement, dès 1764, une « junte de guerre » chargée par Pascal Paoli d’épurer cette région de Corse des traîtres et bandits. Le rendu judiciaire de la « Ghjustizia Paolina » est expéditif et les témoignages jouent un rôle essentiel. La junte dispose ainsi des vies et des biens des jugés, même s’il s’agit de proches de Pascal Paoli. Les exécutions des peines de mort sont alors des « spectacles » publiques se voulant pédagogiques, mais les bourreaux sont recrutés avec peine car les postulants sont très peu nombreux. Le banditisme et les vendettas infestent alors les territoires de la Corse. Paoli considère qu’une Justice forte, incorruptible et implacable est un des piliers de la nation corse. Elle s’oppose ainsi au « laxisme » passé de la gouvernance génoise, avec l’approbation de la population. Les criminels échappant à la mort sont envoyés en première ligne de combat dans les troupes de Paoli afin qu’ils paient leurs dettes à la société.

Après la Révolution française, le couvent intègre les Biens Nationaux et est vendu. Il devient une caserne, une Gendarmerie puis une exploitation agricole. L’architecture de l’ensemble s’en ressent alors.

Un temps transformé en gîte, l’édifice est dorénavant fermé et propriété entièrement privée, mais Monument Historique.