XIXe / 1849 / Île-Rousse – Institut des Filles de Marie

 

Ile-Rouse - L’Institut des Filles de Marie, avant rénovation (nov. 2020).  Photo © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 3 m.

42.634154, 8.939836 ou 42°38'03.0"N 8°56'23.4"E

Adresse : Place Pascal Paoli, 20220 L'Île-Rousse. Inscrit/Classé Monument Historique :  Non.

 

Le site

Le bâtiment de 750 m² donne directement sur un parking payant central, qui permet l’accès à tous les sites rapidement. Des emplacements motos le prolonge vers la grande ancre de marine statuaire très visible, située juste à côté.

La place Pascal Paoli de l’Île-Rousse est toujours animée. De nombreux bars et restaurants y sont installés, ainsi que de multiples commerces à sa périphérie. Y flâner et « prendre son temps » est un délice.

 

Un peu d’histoire

L’évêque de Corse, qui prend ses fonctions en 1833, souhaite que tous les Corses reçoivent une éducation leur permettant à minima de savoir lire et écrire le français, et souhaite plus généralement le développement de la scolarité. Ile-Rousse est alors choisie pour accueillir la congrégation religieuse des « Filles de Marie Immaculée » fondée à Agen en 1816 (installée de nos jours à Sucy-en-Brie, Val-de-Marne), avec l’accord de la mairie. La ville fait alors partie d’une microrégion prospère et en plein développement agricole.

Quatre Sœurs, accompagnées de l’abbé Chevallier, arrivent en premier en 1840 après une rocambolesque et fastidieuse traversée de la Provence et de la Méditerranée. Avant d’occuper l’Institut des Filles de Marie, elles sont hébergées dans deux autres bâtisses de la ville appartenant à de riches commerçants. Elles s’emploient à dispenser l’enseignement (et les soins à la population en général) auprès des jeunes filles car à cette époque, seule une école de garçons existe à l’Île-Rousse.

Le nombre de jeunes filles inscrites croît alors rapidement. À l’initiative de François Piccioni, maire d’Île-Rousse, l’Institut est édifié en 1849 avec des fonds privés afin de toutes les accueillir. Une vingtaine de Sœurs y professent. Cinq sont cloîtrées, mais la bâtisse n’a jamais été un couvent. « L’Ecole des Filles Pauvres de Balagne », comme il est alors inscrit sur le fronton de l’Institut, instruit à plein régime. En réalité, il s’agit de jeunes filles issues de familles aisées car l’enseignement est assez coûteux. Il semble normal au milieu du XIXe siècle que les garçons bénéficient d’une scolarité, mais c’est encore considéré comme un luxe plus ou moins inutile pour les filles.

Les salles de cours sont situées au premier étage. Les élèves n’ont pas le droit de regarder par les fenêtres qui donnent sur le petit jardin des Sœurs afin de ne jamais être déconcentrées. Le deuxième étage est occupé par le dortoir des ecclésiastiques et des pensionnaires. En 1895, une terrible inondation envahie toute la région et les élèves sont évacuées en charrette.

En 1906, après la promulgation de la Loi de 1905 stipulant la séparation de l’église et de l'État, l’Institut des Filles de Marie devient l’Institution Jeanne d’Arc et est laïcisé, non sans la réticence effective des Sœurs qui commencent à quitter les lieux en 1904. L’école devient un pensionnat et une « école libre » comptant trente pensionnaires et une centaine d’externes. Le premier étage sert alors à l'élevage du ver à soie car les locaux appartiennent à des personnes privées qui peuvent en jouir également ! Cet épisode de sériciculture ne s’est pas éternisé.

En 1956, les Sœurs quittent définitivement les lieux mais l’établissement reste entièrement géré par des Sœurs d’autres congrégations. En 1959, une « bibliothèque pour tous » est installée dans la cour du bâtiment qui perdure jusqu’en 2003. 1961 voit la création d’un jardin d’enfants.

En 1970, le bâtiment est transformé en école maternelle et une partie en local de catéchisme. L’école privée Notre-Dame occupe l’espace jusqu’en 2013. Il reste trente-cinq élèves en 1989, puis la sphère religieuse de l’Institut disparaît totalement.

La charpente se dégrade ensuite rapidement faute d’entretien et un arrêté d’expropriation est édicté par La Communauté de Communes du Bassin de Vie de l'Île-Rousse.

Futur Institut restauré des Filles de Marie.

En 2020, Un projet de restauration y prévoit le transfert de l’Office de Tourisme de la Communauté de Communes de l'Île-Rousse – Balagne ainsi qu’un espace dédié à un centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine. Le coût des travaux est estimé à quatre millions d’Euros. Le « Loto du Patrimoine » participe au financement.

En 2021 les travaux débutent et sont prévus pour durer jusqu’en 2024. Le bâtiment pourra recevoir 90.000 personnes par an. L’espace d’accueil de l'Ile-Rousse-Balagne-Tourisme, des boutiques de producteurs, d’artistes et d’artisans locaux seront situés au rez-de-chaussée. Les premier et deuxième étages seront consacrés au Centre d’Interprétation, dédié à la découverte architecturale de la Balagne et à son environnement exceptionnel avec des outils numériques de dernière génération.