XVIe / 1562 / Ogliastro – Tour d’Albo
Ogliastro – Tour d’Albo (avril 2021). Photos © François Fiette.
Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 13 m.
42.807996, 9.333869 ou 42°48'28.8"N 9°20'01.9"E
Adresse : Marine d’Ogliastro, 20217 Ogliastro. Inscrite/Classée Monument Historique : Oui.
Le site
Un site à ne pas manquer ! Un régal. D’abord pour la belle plage de galets gris, ensuite pour la tour restaurée à l’identique et le panorama qu’elle offre sur le rivage, la mer et les montagnes.
Aucun problème pour stationner, la place ne manque pas. De vastes parkings sont aménagés. Un court chemin plat, en terre, mène à la tour. Les personnes à mobilité réduite peuvent envisager de visiter le site mais pas la tour qui impose la montée de marches, magnifiquement exécutées par l’entreprise corse « Cap Métal ». Le site est libre d’accès et la visite de la tour génoise est recommandée afin de se familiariser avec l’architecture commune de ce type d’édifice. Des visites scolaires y sont d’ailleurs programmées.
Il est possible de se restaurer et de faire quelques emplettes dans la marine.
Un peu d’histoire
La Tour d’Albo est une tour génoise en schiste inscrite aux Monuments Historiques par arrêté du 4 août 1992 et est propriété publique.
Elle est édifiée au XVIe siècle, précisément en 1562, à l’initiative et aux frais des habitants d’Ogliastro. Elle mesure dix mètres de haut sur dix d’embase. Sa fonction est alors la protection de la marine (plage et port) de cette ville ainsi que la surveillance maritime contre les incursions barbaresques.
En 1588, le barbaresque Hassan Veneziano (renégat vénitien et ancien esclave) attaque le village en accostant avec 92 navires (!) et enlève des dizaines d’habitants. La tour est alors endommagée par les combats. Elle est attaquée et reconstruite plusieurs fois après les razzias des pirates d'Afrique du Nord et autres esclavagistes en 1559, 1563, 1588, 1613 et 1624 ! Celle de 1588, particulièrement sanglante est menée par le Bey d'Alger, Hassan Pacha et ses onze galères. 150 Corses sont alors réduits à l’esclavage.
En 1768, les troupes françaises utilisent la tour pour contrer le repli des troupes corses évacuant le château de Nonza.
Au XXe siècle, elle devient l’habitation d’un particulier puis bien communal. Une porte est aménagée à sa base alors que seule la porte au premier étage est d’origine. Des mâchicoulis entourent une terrasse sommitale munie d’une guérite. Son escalier d’accès est directement creusé dans les murs épais.
En 2020, la tour d’Albo bénéficie d’une large campagne de rénovation. Le surfaçage des murs est refait à la chaux comme au XVIe siècle. Son apparence en est grandement modifiée car auparavant, seules les dégradations du temps et les pierres à nue étaient visibles. La tour ruinée posait des problèmes de sécurité, un enfant étant tombé en l’escaladant.
Cette rénovation fait débat car elle bouscule les habitudes. À la suite de ces travaux, la tour actuelle ressemble à 99% à la tour originelle, claire et lisse. Le choix du Conseil Municipal devait répondre à cette vaste question : Doit-on accorder plus d'importance à la réalité historique ou à nos habitudes modernes ? Le Conseil a tranché, aidé par un architecte expert. Les visiteurs peuvent comparer l’enduit refait et celui du XVIe siècle car une partie est volontairement restée intacte à cette fin.
Bien en a pris à la Mairie car il s’agit maintenant d’un nouveau souffle touristique et économique pour la commune. C’est toute la force du tourisme patrimonial !
Bien en a pris à la Mairie car il s’agit maintenant d’un nouveau souffle touristique et économique pour la commune. C’est toute la force du tourisme patrimonial !
Les gardiens des tours génoises qui sont réparties sur le pourtour du littoral corse avaient des consignes précises, du moins au début lorsque les Génois les géraient. Elles étaient les suivantes :
- Monter chaque soir après le coucher du soleil pour vérifier l’absence de bateaux de pirates ou corsaires d’Afrique du Nord et, selon les cas, communiquer avec les autres tours du voisinage en allumant des feux.
- Interdiction de s’absenter plus de deux jours, et un guetteur à la fois. Défense de payer des remplaçants (!).
- Obligation de renseigner les navigateurs sur la sécurité des routes maritimes empruntées.
Les guetteurs (les Torreggiani) devaient également prélever les taxes payées par les capitaines des bateaux de passage.
Il est à souligner que désormais, la majorité des tours génoises privées sont les propriétés de citoyens allemands.
Tour d'Albo, avant et après les travaux :
Tour d’Albo, avant travaux (2010). Par Pierre Bona, Licence libre Creative Commons.
Tour d’Albo, après travaux (avril 2021). Photo © François Fiette.